La presse vidéo ludique est elle digne de confiance ? Les journalistes sont ils vendus par les éditeurs de jeux vidéo ? C’est une émission assez exceptionnelle que nous propose Arrêt sur Images avec des journalistes et acteurs du web vidéo ludique.
Tout part de l’affaire du Doritos Gates qui a eu lieu fin octobre en Angleterre, le chroniqueur Robert Florence travaillant pour le site Eurogamers avait reproché aux journalistes d’être trop complaisants avec les éditeurs de jeu vidéo dans l’une de ses chroniques. Il avait même cité quelques noms de certains de ses confrères, Lauren Wainwright, qui a demandé par la suite que son nom soit retiré de l’article ou elle porterait plainte contre Eurogamer.
Suite à cette affaire, le chroniqueur a du quitter le site, mais l’affaire repart de plus belle, lorsque Lauren Wainwright tweete énormément sur Tomb Raider, « l’internet » a découvert qu’elle travaillait pour Square Enix, l’éditeur de Tomb Raider. On le sait, depuis une dizaine d’année la « corruption » dirige la presse britannique (journaliste, publiciste, attaché de presse).
Même si l’affaire se déroule en Angleterre, l’Internet a rendu les frontières minces et le scandale fait débat sur la crédibilité des sites de jeux vidéos français d’où le thème choisi de l’émission de Daniel Schneidermann avec quatre invités pour en parler : Gaël Fouquet de Gamekult (qui appartient au groupe CBS), Ivan Gaudé du survivant Canard PC, Usul chroniqueur pour Jeuxvideo.com et Julien Chièze de Gameblog qui a reçu de vives critiques sur ses liens qu’il entretient avec les éditeurs de jeux.
Le ménestrel que nous avons pu interviewer, travaille sur des présentations de jeux vidéo via son auto-entreprise Spootnix. Bien qu’il joue toujours la carte de la transparence, le travail de Julien Chièze conjugué à son exposition médiatique dérangent certains, les critiques tombent contre lui et Gameblog.fr. Notre ménestrel devient un bouc émissaire, mais comme le souligne Usul, Chièze « est l’arbre qui cache la forêt« .
Rappelons que Gameblog avait été blacklisté par Activision en voulant respecter ses lecteurs en ne retirant pas, à l’inverse de leurs confères, un article sur Call of Duty : Black Ops 2, au risque que l’éditeur n’achète plus d’espace publicitaire. Il est important de comprendre que Sony, Activision etc. font vivre les sites de jeu vidéo, cela ne veut pas dire que les rédactions ne sont pas indépendantes.
Ce débat reste passionnant grâce à Usul et Julien Chièze, avec des questions sur le degré d’indépendance des sites de jeu vidéo quels qu’ils soient. Toutefois, nous avons l’impression d’assister au procès de Julien Chièze, rappelons qu’il était invité pour parler de ses « ménages« , l’émission et l’argumentaire de Sébastien Rochat était centré sur Gameblog avec une analyse très poussé du site…
Je me dois de soutenir Julien Chièze face à Gaël Fouquet et Ivan Gaudé, que je trouvent tout simplement insupportables dans ce débat.
Ces deux messieurs semble se considérer comme une élite journalistique et d’une entière indépendance, tout simplement parce que leurs articles sont à leur image : blasés, mécaniques et vides de toute passion. Ils sont cependant les parfaits représentants d’une partie des joueurs modernes, des élitistes râleurs qui, en voulant se distinguer, finissent par tous se ressembler. C’est triste…
J’ai d’ailleurs le regret de voir qu’Usul, dont j’apprécie le travail, semble lui aussi glisser de ce côté.
Julien est un personnage certes un peu excentrique, et avouons-le, parfois un peu agaçant, mais je trouve tout simplement intolérable (voir juste ridicule) de le soupçonner de corruption juste parce qu’il est touche-à-tout au contact de son public. C’est une personne passionnée, tout comme son équipe (je pense en particulier à Julio et Rahan), et je trouve qu’on en a bien besoin en ce moment.
De plus, Gameblog a plusieurs fois qu’il était impartial, grâce à de nombreuses affaires, qui sont d’ailleurs évoquées dans ce débat, mais rapidement enfouies sous le tapis par notre ami de Gamekult.
Le jeu vidéo est pour tout le monde, mais le jeu vidéo sur des sites spécialisés est avant tout une affaire de passionnés. Il est tout à fait normal qu’on veuille voir des déballages de consoles (sans être accusé de publicité déguisée) ou qu’on veuille voir des previews d’une licence dont on attend le retour depuis des années (sans être accusé de l’encenser parce qu’il y avait des échantillons de parfums dans la salle de bain de l’hôtel).
Il y a sans doute quelques fruits pourris sur l’arbre du journalisme vidéo-ludique en France, je ne dis pas le contraire. Je ne dis pas qu’il ne faut pas changer certaines choses, notamment la structure des entreprises. Mais je ne vois pas pourquoi Julien Chère serait pendu en place publique pour l’exemple.
Oui, les opinions et les idées de Julien ont sans doute été influencées par ses expériences dans le milieu, mais comme chacun de nous. Il est évident que ses rencontres avec Hideo Kojima ont renforcé ses liens avec la série Metal Gear Solid, et pourtant, on l’a déjà vu critique envers elle, et très objectif concernant ses qualités et ses défauts.
Que faut-il faire ? Avoir des journalistes-robots ? Ou bien enterrer les journalistes dans des bunkers, pour être sur qu’il ne soit pas contaminé par l’air extérieur ? Ceci dit, certains d’entre eux ne me manqueraient pas…
Ce n’est pas parce que je suis sur Internet que je veux faire avoir à des machines, j’aime avoir affaire à des vrais gens et des gens vrais. Julien fait partie de ces gens là. Je sais que je partage des idées avec lui, notamment notre notion d’expérience (au sens de vivre une expérience, sur un jeu comme Journey par exemple) dans le jeu vidéo, et je sais que nous avons des points de désaccords forts (désolé mon cher Julien, mais je trouve le travail d’Hideo Kojima extrêmement prétentieux et surestimé, voilà, c’est dit !).
Maintenant que mon coup de gueule est fini, je peux me permettre de préciser que Gaël et Ivan sont tout de même des personnes intègres et estimées, même si je n’apprécie par leur façon d’être, du moins du côté professionnel. J’ai juste un conseil à leur donner : souriez, on fait un beau métier ! On travail avec des jeux vidéos, on vend pas des cercueils.
Je remercie toutefois Arrêt sur Image de nous avoir proposé cette émission, dont le thème, je pense, ne fait pas particulièrement rêvé les foules, mais qui se révèle être un vrai sujet de fond (et désolé pour les fautes d’orthographe, je suis au boulot, j’ai pas eu le temps de me relire).
Tout mon soutient à Julien Chieze face à ce pseudo lynchage. C’est un joueur, journaliste mais un réel passionné. J’ai découvert beaucoup de jeux excellents que je n’aurais pas acheté sans ses élans de passion.