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Interview : Laurent Blanpain, la voix française de Batman dans « Batman: Caped Crusader »

Laurent Blanpain, nouvelle voix de Batman dans ‘Batman: Caped Crusader’, revient sur son expérience sur le doublage de la série.

Disponible depuis le 1er août 2024 sur Amazon Prime Video, ‘Batman : Caped Crusader‘ est la nouvelle série animée consacrée au chevalier noir produite par Bruce Timm, J.J. Abrams et Matt Reeves. Cette réinterprétation noire et mature de l’univers de Batman entraine les spectateurs dans un Gotham City corrompu et dangereux, où Bruce Wayne, devenu Batman, mène une croisade pour la justice avec des alliés inattendus, tout en faisant face à des conséquences mortelles et imprévues.

Pour la première fois, Laurent Blanpain, la voix française de Batman dans la série, se confie à un média écrit. Comédien de doublage, acteur de théâtre et de cinéma, Laurent nous dévoile les coulisses de son parcours. Dans cette interview exclusive, il partage son expérience unique en tant que Batman, ses projets futurs et, en tant que véritable passionné de son métier, ses réflexions sur le doublage. Découvrez comment Laurent Blanpain a réussi à capturer l’essence du chevalier noir dans ‘Batman : Le Justicier Masqué‘.

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Bonjour Laurent, tout d’abord merci d’avoir accepté cette interview pour Eklecty-City. Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Laurent : Hello ! Je suis Laurent, comédien et de doublage spécifiquement depuis presque 6 ans maintenant.

Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à devenir acteur, en passant par ta formation à l’école Jean Périmony et ton expérience au Funambule Montmartre ?

Laurent : Le jeu a toujours fait partie de ma vie. Le jour où j’ai fini mes études de commerce, à 25 ans, je me suis demandé ce que je voulais vraiment faire dans ma vie et… eh bien ce n’était pas du commerce. J’avais déjà joué plusieurs pièces de théâtre en amateur et je sentais que c’était ça qui m’attirait depuis plusieurs années.

Après trois mois d’école d’Art Dramatique à l’école Jean Périmony, dont je ne remercierai jamais assez les profs qui étaient tous des professionnels actifs : Sylvia Roux, Stéphane Duclos, feu Arlette Téphany, Christian Bujeau, Erik Desmarestz, Isabelle Rattier, Thierry Harcourt, Azize Kabouche, Marina Albert…, j’ai été pris dans une pièce au Funambule Montmartre pour remplacer un acteur dans une pièce… J’avais deux semaines pour reprendre le rôle, les gens allaient payer leur place pour me voir, pour être divertis. Je ne te dis pas le flip total lors de la première…

Peux-tu nous en dire plus sur ce qui a motivé ce changement de carrière ?

Laurent : Disons que mon premier choix de carrière, j’avais 17 ans, n’en était pas vraiment un. J’avais des bonnes notes et mon lycée envoyait des gens en école préparatoire, pas en école de théâtre… Et puis, mon diplôme en poche, j’ai finalement trouvé ce que je voulais faire : ne jamais l’utiliser !

J’ai de la chance d’avoir trouvé. Je crois qu’une fois que quelqu’un a la chance de trouver ce pourquoi il ou elle croit qu’il ou elle est fait, cette personne n’a plus le choix. Peu importe le job. Et puis ça peut changer au cours d’une vie, ou même se cumuler. Ce n’est pas dans mes plans mais quand je vois des amis qui sont d’excellents comédiens, et aussi chanteurs ou chanteuses, ou des danseurs ou danseuses, producteurs ou productrices… On peut faire ce qu’on veut dans la vie. Mais il faut travailler. Cela dit, est-ce que travailler dans un domaine que tu adores est une corvée ? Pour moi la réponse est non.

Tu as une carrière diversifiée entre le théâtre, le cinéma, et le doublage. Qu’est-ce qui t’a attiré vers le doublage en particulier, et comment as-tu été introduit à ce domaine ?

Laurent : Un jour, alors que je travaillais en théâtre immersif, on m’a informé qu’un cours d’essai gratuit en doublage allait se tenir via mon ancienne école de théâtre Jean Périmony. Je me suis pointé, et j’ai vraiment tout de suite aimé l’exercice. France Rombaut, une directrice artistique très active, nous donnait cours et on a vraiment eu de la chance parce qu’on a bien été formé !

Comment as-tu été approché pour le rôle de Batman dans ‘Batman: Caped Crusader’ et peux-tu nous parler du processus d’audition pour ce rôle ?

Laurent : Je travaillais déjà depuis quelques mois avec Stanislas Forlani et je pense qu’on peut dire que notre entente artistique est devenue vite indéniable. C’est un métier de ‘vibration’… parfois tu ‘vibres’ au même diapason que certains et ça fait ‘clic’. Ce n’est pas plus clair, pardon. En même temps c’est difficile à expliquer, parfois les gens t’inspirent et tu les inspires en même temps. C’est ça le clic. Je pense que Stanislas a été inspiré par mon travail, ainsi que par le travail de deux autres collègues, puisqu’il nous a proposés au casting de ce nouveau Batman. Ensuite, je suis allé passer mon casting, découvrant au passage que c’était pour Batman.

Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que tu avais obtenu le rôle de Batman ? Étais-tu un fan de Batman avant de décrocher ce rôle ?

Laurent : Une fois le casting passé, j’ai reçu la réponse rapidement. J’en ai de la chance : certains ou certaines attendent la réponse bien plus longtemps que quatre jours… Eh bien quoi ? j’ai sauté de joie, bien sûr ! Oui je connaissais Batman. Oui je l’adorais.

J’avais lu deux ou trois comics, oui ce n’est pas beaucoup, mais j’ai surtout grandi avec la version Tim Burton, puis dévoré celles de Christopher Nolan, et vraiment apprécié celle de Zack Snyder. Depuis la sortie de Batman : Caped Crusader, j’ai vu celle de Matt Reeves et j’ai adoré. Il a aussi participé grandement à ‘Caped Crusader’. J’avais vu les versions animées de 92, pas tout, et 2004, un peu plus, avec les voix iconiques de Richard Darbois et Adrien Antoine… Et le personnage est incroyable, complexe et si humain…

Tu succèdes à des voix emblématiques comme Richard Darbois, Adrien Antoine et Emmanuel Jacomy. Comment as-tu abordé cette responsabilité ?

Laurent : Je n’ai rien regardé de Batman entre mon casting et l’enregistrement. Je ne voulais pas copier. Avoir le moins d’a priori possible, être comme un enfant, c’est le meilleur moyen de partir de toi-même quand tu dois créer un rôle. J’étais dans le boulot, j’ai pris mon pied, quelle série, j’ai tout de suite adoré ce que j’ai vu, et puis j’ai stressé mais seulement après : je voulais avoir servi le personnage, avoir rendu honneur au magnifique travail de Bruce Timm et toute son équipe.

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Comment t’es-tu préparé pour incarner Batman ? As-tu suivi une préparation vocale spécifique et comment as-tu capturé l’essence de Batman tout en y apportant ta propre touche ?

Laurent : Le truc du doublage c’est que, généralement, et sauf en création vocale, mais là il s’agit, tu ne peux pas te préparer. Le meilleur truc à faire c’est rester ouvert, ‘disponible’ comme on dit, et faire confiance à ton directeur artistique et, en l’occurrence, le client. On t’a proposé, on t’a choisi, le rôle est pour toi. Ta seule responsabilité c’est de t’éclater, de te dépasser sur le moment.

J’ai quand même été voir qui exactement était Bruce Timm, ce qu’il voulait faire de la série, du personnage de Batman dans ses déclarations officielles. Comme ça j’avais un sens général de là où je mettais les pieds.

Donc aucune préparation vocale non plus, c’est rarement le cas ! Sauf peut-être en doublage chanté mais j’en fais trop peu pour en parler.

Pour ce qui est de ma propre touche, il y a une chose oui… mais je pense que nous avons tous été d’accord : le côté voix d’outre-tombe passe très, très mal en français dans une série où le jeu, vocal donc, est réaliste. Donc nous avons atténué ce côté-là.

Ce qui est très intéressant c’est que je ne savais rien de comment l’acteur VO, Hamish Linklater, avait construit la voix de son Batman quand je l’ai entendu pour la première fois. Mais j’ai compris vite où il voulait en venir et précisément. Et je ne me lance pas des fleurs à moi-même ici mais bien à lui. Je n’avais jamais entendu un tel degré de précision dans une œuvre d’animation auparavant. A tel point que quand une interview est sortie sur comment il avait créé la voix de Batman, je n’ai pas du tout été surpris. Cet acteur est incroyable, c’est aussi un acteur prolifique à l’écran, allez voir tout ce qu’il fait d’autre vous ne pourrez qu’être conquis. Je ne rigole pas. Allez-y. Maintenant.

Qu’as-tu ressenti la première fois que tu as dit ‘Je suis Batman’ au micro ? Y a-t-il eu un moment particulier pendant l’enregistrement qui t’a marqué ?

Laurent : Pour l’instant je ne l’ai pas encore dit. Ou plutôt Batman ne le dit pas. J’ai l’impression qu’il tolère qu’on l’appelle comme ça mais ne perçoit pas encore la symbolique qu’il est en train de créer…

Un moment incroyable… ? Je vais botter en touche mais pas tant que ça : tout le temps. C’était fou. C’était incroyable parce que bien écrit, bad-ass, touchant, froid, épique… Je mesure ma chance d’avoir été choisi pour ce rôle de dingue et j’essaie de la rendre en me donnant à fond.

Comment as-tu abordé la différence de voix entre Batman et Bruce Wayne ?

Laurent : Disons que le plus important dans cette série particulièrement, c’est de faire la différence. Il y a un truc très pratique quand tu veux une émotion sur scène ou dans la voix, c’est un peu un truc sans être une formule magique pour autant, c’est de ‘lutter contre l’émotion’.

Par exemple quand tu veux qu’on voit ta tristesse, tu vas tout faire pour essayer de montrer que tu n’es pas triste. Essayez à la maison, c’est safe et ça marche à tous les coups.

Donc quand Batman parle, je pense ‘retiens ta colère’ et quand Bruce parle je pense ‘ne laisse pas découvrir qui tu es’. Ce qui donne, presque fatalement, un Batman en colère et un Bruce faux, un menteur de très haut niveau mais pas parfait, pas assez pour Quinzel par exemple.

L’interprétation de Hamish Linklater a-t-elle influencé ta performance en tant que voix française de Batman ? Si oui, comment ?

Laurent : Honnêtement, oui. Il a compris et apporté à, j’en suis convaincu, la vision de Bruce Timm.

Qu’est-ce que cela signifie pour toi, personnellement, de faire partie de l’univers de Batman ?

Laurent : Je crois que je ne réalise pas encore totalement. C’est un immense honneur et je veux en être digne. Si je fais ce métier c’est pour faire rêver des gens comme d’autres acteurs et actrices m’ont fait rêver.

Est-ce que ce rôle a eu un impact sur ta perception du doublage ?

Laurent : Le doublage est un trip total pour un ou une actrice. On sait que l’on n’est pas la voix originale mais que l’on va, si tout va bien, transmettre l’émotion que l’on ressent quand on voit l’œuvre. Si ma perception a changé c’est de la manière suivante : encore plus de plaisir à faire ce métier !

Quel est ton avis sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du doublage ? Penses-tu que l’IA pourrait un jour remplacer définitivement les comédiens de doublage ?

Laurent : Non l’IA ne nous remplacera pas. En tout cas pas ‘l’IA’ telle que le marketing veut qu’on l’appelle aujourd’hui. C’est juste un processeur boosté et très polluant. D’ailleurs on voit des doublages faits par IA qui sont affreux parce qu’ils ne véhiculent pas d’émotions, or c’est la base de notre travail en tant que comédien ou comédienne : transmettre des émotions. La complexité des sentiments humains est telle que je pense qu’une IA n’y arrivera jamais car elle repose sur l’empathie. Et l’empathie, pour l’instant, c’est seulement humain !

Quels sont tes projets futurs ? As-tu d’autres rôles de doublage ou de théâtre en préparation ? Y a-t-il un personnage ou un type de rôle que tu rêves d’incarner à l’avenir ?

Laurent : Nous avons écrit, avec Rémi Gutton, un très bon ami, comédien de doublage très prolifique et doué – oui je l’aime Rémi, un scénario de série animée façon manga / animation japonaise. Nous avons un teaser que nous avons sorti sur les réseaux sociaux, réalisé conjointement avec un studio d’animation français. Et maintenant nous cherchons des producteurs ou productrices pour nous aider à raconter cette histoire !

Il y a tellement de rôles que je rêve de faire, de studios avec lesquels je rêve de bosser. J’espère que ce rôle de Batman que j’ai adoré faire, et que je vais continuer à adorer faire – la saison 2 est déjà en cours d’enregistrement vocal aux US à ce que j’ai lu – me permettra d’en faire d’autres, que ce soit en série ‘live’, en animation, en jeux vidéo… J’adore jouer, je l’ai dit ? (rires)

Pour conclure, quelle question aurais-tu souhaité que je te pose ? Et quelle serait ta réponse ?

Toi : Laurent, pourquoi fais-tu du 49 en pointure ? Et pourquoi ne fais-tu pas du basket alors que tu mesures deux mètres ? Pourquoi embêtes-tu les ingénieurs du son avec ta taille ?

Moi : PARCE QUEEEEEEE

Nous sommes arrivés à la fin, merci encore Laurent d’avoir pris le temps pour cette interview, à bientôt.

Laurent : Merci à toi ! Et merci pour cette opportunité !

Propos recueillis par Thomas O. pour Eklecty-City.fr, qui remercie Laurent Blanpain de s’être prêté au jeu d’une interview. Avec Anastasia-Cassandra V..

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Thomas
Thomas
Rédacteur en chef et chroniqueur anti-protocolaire. Enfant des années 80's / 90’s biberonné à la Pop Culture.

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