On se souvient tous du documentaire de Morgan Spurlock sorti en 2004, Super Size Me, dans lequel le réalisateur se nourrissait pendant un mois chez McDonald’s. Son but était de dénoncer les effets néfastes de la restauration rapide et du Super Size, la version géante des menus du célèbre fastfood. Pour son dernier documentaire, The Greatest Movie Ever Sold (Le plus grand film jamais vendu), rebaptisé chez nous par Super Cash Me (pour des raisons commerciales ?), Morgan Spurlock s’attaque à son gagne-pain en révélant avec humour tous les vilains petits secrets d’Hollywood ainsi que tous les stratagèmes utilisés pour convaincre les annonceurs de placer leurs produits dans les films ou à la télévision.
Pour son nouveau documentaire, Spurlock veut obtenir le financement de son projet tout en le réalisant. En contrepartie le journaliste promet aux entreprises qui acceptent de participer au projet de devenir la chaussure, la boisson etc. officielle du documentaire. L’objectif est de nous montrer jusqu’à quel point le placement de produit a pris une place importante dans les milieux culturels et que les publicitaires ne sont autres que des fabricants d’une économie de désir.
Comme chacun le sait l’intégration de produit permet de générer de l’argent pour les films, mais aussi la Co-Promotion, nécessaire à un film pour devenir un blockbuster. Sans vous dévoiler l’intégralité du documentaire, citons l’exemple du film Iron Man, qui était en partenariat avec plus de quatorze marques, de Burger King à Audi. Ce type de partenariat va générer des millions de dollars de pub gratuite pour le film, tout en offrant une visibilité de taille pour les marques.
Quentin Tarantino avoue prêter peu d’importance au placement de produit, lorsque celui-ci est discret, mais dénonce une utilisation extrême du procédé, décrédibilisant ainsi un film. Pour Minority Report en 2002, Steven Spielberg n’avait pas hésité à tourner des séquences totalement inutiles pour le plus grand bonheur de Pepsi, GAP et Guiness.
Aujourd’hui nous sommes tous conscients du placement de produit que nous n’y faisons même plus attention tellement nos yeux sont sollicités. La révélation du documentaire se fait sur d’autres points comme la découverte du règlement anti affichage publicitaire de la ville de São Paulo. Aux États-Unis, en échange de fournitures et de matériels, les établissements scolaires sont obligés de diffuser chaques jours aux enfants (entre 11 et 17 ans) le JT de la chaine Channel One d’une durée de 10 minutes, comprenant une page de pub de 2mn avec des produits directement destinés aux collégiens.
Morgan Spurlock s’intéresse également à Coca-Cola et au Neuromarketing, soit l’importation de l’IRM dans le domaine commercial, afin de savoir si nous pouvons forcer la mémoire et déclencher ainsi un acte d’achat.
Bien que le documentaire nous captive dès les premières minutes, le réalisateur multi récompensé de Super Size Me reste à la surface des choses, ce manque est très vite oublié par l’humour décalé de Spurlock. Si le sujet vous parle, nous vous encourageons à le regarder et à suivre votre analyse avec l’ouvrage de Marie Benilde « On achète bien les Cerveaux », un titre clin d’œil à la déclaration de l’ex patron de TF1 Patrick Le Lay « Le métier de TF1, c’est d’aider CoCa-Cola à vendre son produit. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.«
Un documentaire à ne pas louper !!!