Pourquoi nous détestent-ils ? est un film documentaire produit par camera subjective et initialement diffusé en trois parties sur la chaîne Planète +. Pour des questions d’exploitation, les trois parties furent remontées sous la forme d’un film de deux heures et diffusées dans les salles française en décembre dernier. Aujourd’hui les deux versions – salle et télévisuelle – se regroupent sous la forme d’un DVD de deux disques.
Pourquoi-nous détestent-ils ? s’attache donc à répondre à la question du racisme en France. Trois personnalités – propulsées co-réalisateurs(trice) pour l’occasion – partent d’un fait personnel et déroulent, entre souvenirs et entretiens, leur ressentit sur cette France qui déteste l’étranger.
Nous avons donc la jeune maghrébine – Amelle Chahbi. Le black gentil et rigolo – Lucien Jean-Baptiste. Et le juif posé et réfléchi – Alexandre Amiel. Des clichés pour combattre les clichés finalement. Un panel assez exhaustif du caractère hétéroclite de l’empreinte culturelle française. Dommage en revanche que l’angle de la sexualité ne soit jamais abordé. Il aurait été plus intéressant, d’aborder l’homosexualité – d’autant que les actions des mouvements Manif Pour Tous ou Promouvoir, rendent le sujet furieusement d’actualité – plutôt que de jouer la redite raciale entre Noir et Beur.
Point de jugement de valeur dans Pourquoi nous détestent-ils ?. Seulement des faits et des ressentis. C’est dans sa subjectivité, d’ailleurs, que le documentaire prend tous son sens. Même si ce derniers s’aventure parfois – souvent ? – en terrain balisé, l’angle d’approche fait plaisir à voir. Bien loin de tout discours moralisateur qui tendrait à rendre l’objet passablement prétentieux. On apprendra donc, que le racisme vécu par les noirs n’est pas le même que celui vécu par les arabes. Les premiers seront considéré comme des gentils benêts alors que les autres autre écoperont d’une aura beaucoup plus répulsive. Que, du temps de notre enfance, les questions identitaires se posaient moins qu’aujourd’hui. Ou que les prolos juifs et maghrébins s’entassaient pendant les années 80 dans de minables appartements en plein cœur de paris espérant ainsi offrir un maximum de chances à leurs progénitures. Si le discours est simple, libéré et sincère, on pourra regretter que les différents intervenants ménagent leurs interlocuteurs au point d’éluder assez rapidement les questions qui fâchent. Quid du port du voile – l’outil d’une nouvelle génération que personne ne portait il y a vingt ans – et sa corrélation entre les récents attentats et la montée du racisme en France, par exemple ? Ce genre de problématique est rapidement expédié pour dresser un constat tourné avant tout vers le vivre ensemble.
En revanche, le camp adverse, lui n’est pas épargné. Véritables morceaux de bravoures : les entretiens frontaux envers des partisans ouvertement racistes ou antisémites. Celui d’Amelle Chahbi avec un militant FN avait déjà fait fureur sur la toile. L’homme échange, tout sourire avec une grande politesse, sur l’impossibilité culturelle de voir la France accueillir noirs et maghrébins sur son sol. Avant d’inviter la réalisatrice à rejoindre le Front National… Grand moment. Celui d’Alexandre Amiel qui rencontre Jérôme Bourbon – patron de Rivarol, un journal ouvertement antisémite – vaut également son pesant de cacahuète. Mais c’est l’entretien mené par Lucien Jean-Baptiste qui se révèle le plus sidérant. Ce dernier interroge Henry de Lesquen – qui, bien que piégé, a quand même accepté le dialogue – ancien haut fonctionnaire et dirigeant de radio connu pour ses diatribes racistes sur Twitter. Les hommes débattent avec un humour un peu feint de musique « nègre », de perversion des rythmes Congoïdes, du racisme positif et de politique de réimmigration. Un entretien presque lunaire et candide dans son déphasage.
Dois-je l’intégrer à ma vidéothèque ?
Le DVD se compose de deux disques. Vous aurez la possibilité de regardez le film dans sa version cinéma de deux heures ou bien chacun des trois sujets indépendamment des uns et des autres. Ceux-ci faisant environ une heure chacun, je vous conseils directement le visionnage de ces dernier. Évidemment plus riche et plus complet ils rendent finalement la version cinéma un peu obsolète.
Dans les deux cas, si le sujet vous intéresse et que vous avez raté la diffusion sur Planète +, l’œuvre sera une petite pierre assez pertinente pour construire votre réflexion. A voir.
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