« Les règles ont changé » annonce l’affiche. C’est une bonne nouvelle, mais aussi une sacrée fumisterie : les règles n’ont pas changé d’un iota.
En revanche, la dose de divertissement décérébré a largement augmentée : plus de caisses, plus de robots, plus de vilains (sic), plus d’armes à feu et plus d’explosions à effet particulaire.
Beaucoup de choses ont été dites (et le seront) sur Michael Bay et son quatrième volet de Transformers. Permettez toutefois que j’écrive à mon tour combien cette immonde publicité de 2h45 prône le nivellement qualitatif par le bas.
Publicité ? Tout à fait. Michael Bay a fait ses classes dans la publicité et le clip, c’est de notoriété publique. Que ses films aient un traitement visuel publicitaire n’a donc rien d’étonnant. Qu’il en profite pour nous refourguer des avalanches de marques au travers de placements de produits grotesques, c’est une toute autre chose. C’est désagréable et malvenu : au lieu d’ancrer les protagonistes dans une réalité qui nous est familière, cela ne fait que créer une barrière supplémentaire entre l’intrigue (ah!) et le spectateur qui a décidément plus que l’impression d’assister à une réclame.
L’effet est d’autant plus cinglant que le film ressemble visuellement à une publicité. Le scénario n’est qu’un prétexte risible à un déversement d’image pour l’image. Les images choc s’enchaînent sans répit. Peu importe l’histoire et ses protagonistes, du moment qu’il y a des explosions et le plus de lens flares possible. Pas vrai ?
Et bien, non. Pas vrai ! Il y a un ingrédient assez indispensable pour éveiller l’intérêt chez le spectateur de plus de 10 ans, et cela s’appelle un scénario. Si le pif paf boom boom vroom taca-taca-tac amuse lorsque l’on est encore en âge de jouer avec des figurines, avec l’âge, on devient plus exigeant – on aime toujours la baston et les explosions, mais dans un contexte un poil plus riche qu’un combat de robots « papy vs. fiston » sur le tapis du salon. Cette impression de voir un enfant faire la guerre avec ses jouets est exacerbée par les commentaires et explications incessants des protagonistes.
Résultat, Transformers 4, comptabilise presque trois heures à passer avec des personnages qui ne font que remplir des fonctions narratives (le bouffon, la bonnasse, le beau-gosse, l’inventeur, etc. – des stéréotypes au lieu des archétypes usuels). Pas facile de s’y attacher et de se sentir concerné par leurs péripéties insipides. A plus forte raison quand lesdites péripéties ne sont que de vagues mises-à-jour de celles des précédents volets.
Au final, Michael Bay – un genre à lui tout seul – nous sert de la pornographie pour petits garçons de 7 à 10 ans. En effet Transformers 4 est un film bourré d’images irréalistes 100% toc dont le seul effet sera de titiller ceux d’entre nous qui se lèvent le matin pour picoler du Nesquick ® en regardant des dessins animés, avant d’aller détruire des vaisseaux construits en Lego ®. Papa pourra éventuellement venir constater qu’au Texas, le short se porte très court.
Bay Bashing ? Certes, mais lorsque je vais au cinéma, j’ai envie de voir un film, un de ceux qui racontent une histoire avec des personnages vivants, pas une démo technique du nouveau plugin particulaire d’After Effects, ni une bande promo pour les mannequins faméliques de je ne sais quelle marque de lingerie et encore moins une publicité pour Red Bull, Bud Lite et mille autres conneries.
Tant l’intention que l’expression de film m’ont exaspérés à la nausée. Son aspect pro-armes-à-feu, quelque part entre le spot pour la NRA et le fétichisme passablement douteux, n’ont pas vraiment fait passer la pilule.
Pour autant, il y a là dedans un humour beauf onaniste qui contextualise le tout à grands coups de blague potache. Et croyez le ou non, c’est presque agréable. On en vient à rire du film avec la participation complice du réalisateur. Bay se cite, Bay anticipe les reproches qu’on lui fera et en rit ; Bay absorbe et éjacule toute la culture pop. Ce faisant, Bay invente un genre hybride dont Transformers 4 est le porte étendard : le schlock-buster (le schlock désigne un film qui incite à rire sciemment de ses effets bricolés, mettant ainsi fin à la suspension consentie de l’incrédulité. Troma est l’un des plus fervents représentant du procédé).
Au final, est-ce que Bay n’en aurait pas un peu rien à foutre ? « Ils adorent détester, et je m’en fous, laissons-les détester. Ils vont continuer à aller voir le film ! » Dixit le réalisateur.
Réalisé par Michael Bay, Transformers 4 : L’âge de l’Extinction est attendu pour le 16 juillet 2014 dans nos salles Mark Wahlberg, Jack Reynor, Nicola Peltz, Stanley Tucci, Kelsey Grammer, Sophia Myles, Li Bingbing, TJ Miller, Han Geng et Titus Welliver.
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[…] en ligne de ma critique de Transformers 4 sur le site Eklecty City. Rédigée à chaud à la sortie d’une projection […]