De Toronto à Strasbourg, The Vilainess c’est la nouvelle bombe sud-coréenne qui en a beaucoup dans le slip – quand bien même l’héroïne est une meuf – et qui va rétamer sévère les John Wick, Atomic Blonde et autres ersatz froufrouteux du cinéma d’action des années 80 que nous émule ces dernières années Hollywood.
Une réputation rutilante, acquise à la dure, en festival, et qui aujourd’hui pointe le bout de son nez en DVD et Blu-Ray. Réalisé par BYEONG-GIL JEONG jusqu’à présent plutôt cascadeur que réalisateur, The Villainess délaisse les oripeaux sociétaux et auteuristes régulièrement collés aux mètres étalons du genre – je pense à Dernier train pour Busan et Tunnel – pour lorgner vers le divertissement pur et dur à tendance hongkongaise. Un film coup de poing, qui se targue de proposer une action décomplexée de haute volée, capable de faire suer du cul n’importe quel actionner produit ces dix dernière années. Ça c’est pour le papier et la hype. Mais, qu’en est-il du film ?
Dès sa première séquence, The Villainess frappe fort. Très fort. Trop fort, peut-être ? Dans une scène d’introduction absolument dantesque filmée à la première personne, le film de BYEONG-GIL JEONG dévoile sa profession de foi. Ça shoot, ça cogne et ça tranche à tout va sans discontinuer et sans états d’âmes. Une ouverture qui fait furieusement penser au Hardcore Henry de Ilia Naishuller et dont The Villainess va s’affranchir très vite grâce à une superbe transition entre première et troisième personne. Se renouvelant sans cesse au fil de ses séquences d’action à la limite du concevable – à l’image de sa scène à moto – The Villainess fait état d’une véritable folie furieuse dans sa conception. Les vrais/faux plans séquence de castagne s’enchainent, ne se ressemblent pas et laissent le spectateur pantois et médusé devant l’improbabilité du spectacle proposé. Sur ce plan là, The Villainess ne ment pas et éclate son cahier des charges à grand coup de tatane dans la face.
Malheureusement, à contrario d’un Hardcore Henry dont la folie n’égalait que la légèreté d’un script indigent, The Villainess a la mauvaise idée d’essayer de raconter une histoire. « Prétention louable » me direz-vous. Mais qui tombe totalement à plat quand celle-ci en vient à désamorcer toute l’intensité des scènes d’action proposés par le film.
Ne nous voilons pas la face : Au final, The Vilainess est un film chiant. D’une durée de 2h25 l’histoire tente désespérément de raconter le parcours de vie d’une simili Nikita noyée sous un chaos de turpitudes scénaristiques dont personne n’en a véritablement quelque chose à foutre. Usant de très nombreux flashback, et/ou flash-forward, la structure du film perd très vite le spectateur dans une foultitude de sous-intrigues, d’informations et de personnages. Sans jamais tendre vers un second degré salvateur, le film éteint donc minutieusement toute son adrénaline et s’embourbe dans un récit cousu de fil blanc, aux enjeux flous et aux rebondissements laborieux.
Dommage car en resserrant son récit et en se prenant un peu moins au sérieux, The Villainess aurait pu se montrer à la hauteur de sa profession de foi. En l’état, il comblera les amateurs d’action qui se régaleront des bastonnades – je le redis quand même, mais certaines séquences sont dingues en terme de confection et d’exécution – mais ne provoquera que quelques bâillements polis dès lors que le film tentera de raconter quelque chose.