Paul Feig, réalisateur de Mes Meilleurs Amies et Les Flingueuses revient nous titiller la rétine avec sa nouvelle comédie à thématique forte. Après les amies de la mariée et les agentes du FBI, c’est à l’espionnage qu’il s’attaque. Plus précisément à l’espionnage vu par le prisme d’une femme. Grosse qui plus est.
Qui pisse contre le vent…
Avec sa thématique et son héroïne forte, SPY se veut une comédie particulièrement genrée. Une comédie d’espionnage qui aurait aimé utiliser des archétypes pour raconter quelque chose de plus :
La misogynie des métiers réputés d’hommes et par là même à ce cinéma où les espions ont rarement un vagin. La difficulté de s’accepter quand le regard de l’autre est condescendant. Ou peut-être la difficile ascension sociale d’un protagoniste qui n’est pas dans les normes physiques.
Et quels meilleurs outils pour enfoncer ce clou, qu’un casting fier de se caricaturer lui-même ? Jason Statham dans le rôle de l’espion britannique, tête brûlé, demeuré et misogyne. Jude Law pour jouer un James Bond américain, métrosexuel, raffiné et prétentieux. Rose Byrne en la fille de mafieux des pays de l’est, brûlante et toute en nichons. Et puis Melissa McCarthy, la petite grosse de service, un peu pataude mais tellement drôle.
Drôle, le film l’est par moment. Ça tombe bien, c’est aussi pour ça qu’on est venus. Même si l’humour servi n’a aucune finesse (et ne prétend pas en avoir), certains gags font mouche. Sur le nombre de tentatives, l’inverse eut été malheureux.
… s’en prend plein les dents.
C’est justement là le premier défaut du film : tout n’est que prétexte au gag. A force de vouloir « faire du gag » à tout prix, SPY fini par n’être qu’une collection de situations et blagues potaches raccordée avec un lien ténu quand il n’est pas carrément inexistant.
De fait, les aventures de cette petite-grosse-espionne-et-de-sa-copine-grande-tige-avec-le-sourire-chevalin, n’ont qu’un intérêt des plus mitigés. Elle se trimbale à travers toute l’Europe pour une raison dont on se fout éperdument ; probablement histoire de titiller la soif d’exotisme du public américain moyen. Mais qu’importe, cela permet à SPY d’accumuler les clichés bas du front et rarement drôles. Pour autant le film n’est pas au niveau de préjugés d’Armageddon et quelques caricatures font rire comme cet espion italien, fêlé et complètement obsédé.
Ceci étant, globalement, les traits d’humour sont amenés sans grande considération de l’histoire racontée et finissent donc par se noyer dans la masse. Pire, le film réussit à devenir sa propre caricature : en voulant se moquer des clichés, il se prend les pieds dans la carpette et réussi à faire pire. Car finalement, la « petit grosse », elle n’est vraiment là que pour faire rire. Le plus souvent à ses dépends. Son physique est tellement raillé – ce qu’elle accepte jusqu’à la fin – et les stéréotypes tellement grotesques, que l’on se demande bien où SPY à tenté de nous emmener pendant 90 minutes.
Le résultat n’est ni de mauvais goût, ni politiquement incorrect comme il semble vouloir nous le laisser croire. Au contraire, il est le bâtard d’un humour transgressif abusé sexuellement par le politiquement correct et sa copine la bienséance.
Vite oublié, SPY donne envie de se replonger dans la filmographie de Blake Edwards. Par exemple.
Réalisé par Paul Feig, Spy est attendu dans nos salles pour le 17 juin 2015 avec Melissa McCarthy, Jason Statham, Jude Law, Rose Byrne, Curtis ’50 Cent’ Jackson, Miranda Hart, Bobby Cannavale et Nia Long.
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