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Spider-Man au cinéma : Une saga de droits et de studios

Spider-Man, un héros pris dans la toile des droits cinématographiques. Découvrez comment Marvel a perdu et cherche à récupérer son emblème.

Spider-Man est l’un des super-héros les plus populaires et les plus rentables du cinéma. Depuis 2002, il a été incarné par trois acteurs différents (Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland) et a connu huit films en solo, sans compter ses apparitions dans les films du Marvel Cinematic Universe. Mais derrière ces succès se cache une histoire complexe et mouvementée de droits d’adaptation, qui a impliqué plusieurs studios et négociations.

Pourquoi Marvel a-t-il cédé les droits cinématographiques de l’un de ses personnages les plus emblématiques ? Quelle est la stratégie déployée par Marvel Studios pour reprendre ces droits ? Et comment un potentiel accord entre Sony Pictures et Marvel Studios pourrait échouer, menaçant ainsi l’avenir de Spider-Man au sein du MCU ? Ce dossier se propose de répondre à ces questions en retraçant l’histoire complexe et fascinante de Spider-Man au cinéma.

Les années 80 : la vente des droits à la Cannon

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Dans les années 80, Marvel Comics traverse une crise financière et décide de vendre les droits d’adaptation cinématographique de ses personnages à différents studios. En 1985, le producteur Menahem Golan, propriétaire du studio Cannon Group, remporte l’enchère pour les droits de Spider-Man, pour 225 000 dollars.

Golan a pour projet de réaliser un film avec Tom Cruise dans le rôle principal, mais le scénario qu’il commande ne respecte pas l’esprit du comics et est jugé trop sombre. Le film ne se concrétise pas et le contrat stipule que la Cannon doit lancer la production avant avril 1990, sous peine de perdre les droits.

Les années 90 : le passage chez Carolco et MGM

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En 1989, la Cannon fait faillite et revend les droits de Spider-Man à Carolco Pictures, la société de production de Mario Kassar (Terminator 2 : Le Jugement Dernier). Carolco engage James Cameron pour écrire et réaliser le film, avec Arnold Schwarzenegger pressenti pour jouer le méchant, le Docteur Octopus. Cependant, le projet est retardé par des problèmes juridiques, car la MGM revendique les droits de Spider-Man, qu’elle aurait acquis en rachetant une partie du catalogue de la Cannon.

C’est le début d’une bataille juridique qui dure près de huit ans, pendant laquelle Carolco et la MGM se disputent la propriété du personnage. En 1993, Menahem Golan, un des fondateurs de la Cannon, intente une action en justice contre Carolco. À ce moment-là, Carolco, se dirigeant vers sa propre faillite, a vendu ses droits sur Spider-Man à MGM. Cela a ouvert la porte à une série de litiges impliquant toutes les parties qui avaient jamais signé un contrat concernant le film Spider-Man.

L’implication de Viacom et 21st Century Films

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21st Century Film Corporation Inc., fondée dans les années 1970 par Tom Ward et Art Schweitzer, est une société de production et de distribution cinématographique. En 1989, alors que la Cannon était en difficulté financière, Menahem Golan, qui avait quitté Cannon pour devenir le PDG de 21st Century Film Corp, a réussi à obtenir les droits de Spider-Man.

Ces droits ont été vendus à Viacom pour la distribution télévisuelle et à RCA/Columbia, une coentreprise entre RCA et Columbia Pictures, pour la distribution vidéo. C’est pourquoi Viacom et 21st Century Films sont impliqués dans cette affaire. Il est important de souligner que 21st Century Film Corporation et 21st Century Fox, qui a été renommée 20th Century Studios suite à son acquisition par Walt Disney en 2019, sont deux entités distinctes.

En 1994, Carolco a poursuivi Viacom et Tri-Star (qui avait des accords avec Cannon) dans le but d’annuler les accords convenus avec Cannon concernant les droits de télévision et de vidéo à domicile. En réponse, Tri-Star et Viacom ont lancé une contre-poursuite non seulement contre Carolco, mais aussi contre 21st Century Films et Marvel.

Finalement, en 1999, MGM renonce à sa revendication des droits en faveur de Columbia Pictures, qui annonce qu’elle va rapidement mettre le projet en production. Sony Pictures Entertainment, la maison mère de Columbia, acquiert également les droits de produire des suites au film initial et une série télévisée en direct. Sony et Marvel Enterprises annoncent également qu’ils vont créer une coentreprise pour licencier les produits dérivés de Spider-Man, ce qui pourrait générer des milliards de dollars de revenus.

Les années 2000 : l’arrivée de Sony et le succès de la trilogie de Sam Raimi

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Après avoir récupéré les droits de Spider-Man, Sony Pictures Entertainment s’associe avec Marvel pour produire le film. Le contrat Marvel-Sony exige que le studio commence rapidement la production d’un long métrage Spider-Man. Il place également Columbia sur une laisse courte pour programmer des suites, exigeant dans certains cas que le financement d’une suite soit organisé dans les mois suivant la sortie du film précédent.

Sony confie la réalisation à Sam Raimi et le casting se compose de Tobey Maguire, Kirsten Dunst et Willem Dafoe. Un élément distinctif de cette version, qui est en fait un héritage du projet avorté de James Cameron, est la génération organique de toile par Spider-Man. Le film sort en 2002 et rencontre un énorme succès, tant critique que commercial. Il rapporte plus de 800 millions de dollars dans le monde et lance la mode des films de super-héros au cinéma.

Sony et Marvel décident alors de produire deux suites, Spider-Man 2 en 2004 et Spider-Man 3 en 2007, qui connaissent également un grand succès, malgré des critiques plus mitigées pour le troisième opus. La trilogie de Sam Raimi est considérée comme une référence du genre et marque toute une génération de spectateurs.

Les années 2010 : le reboot avec Andrew Garfield

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Après Spider-Man 3, Sony Pictures avait initialement prévu de sortir Spider-Man 4 le 6 mai 2011, avec Sam Raimi à la réalisation et le retour du casting principal des films précédents. Le film devait mettre en scène plusieurs super-vilains, dont le Vautour (interprété par John Malkovich) et Electro, ainsi que Black Cat en tant qu’alliée.

Cependant, le scénario a subi plusieurs révisions et malgré les efforts de différents scénaristes, Sam Raimi n’était pas satisfait du script. En raison de ces problèmes de scénario et d’autres désaccords artistiques, Sam Raimi et Tobey Maguire ont finalement quitté le projet. Face à ces difficultés, Sony a décidé d’annuler Spider-Man 4 en janvier 2010.

En 2008, Marvel lance le MCU, un univers cinématographique partagé par ses personnages. Le premier film du MCU, Iron Man, sort en 2008 et est un carton. Marvel Studios souhaite alors intégrer Spider-Man à son univers, mais Sony refuse de céder les droits du personnage, qu’il détient toujours. Sony décide alors de rebooter la franchise Spider-Man, en engageant un nouveau réalisateur (Marc Webb) et un nouveau acteur (Andrew Garfield).

Le film, intitulé The Amazing Spider-Man, sort en 2012 et reçoit des critiques plutôt positives, mais réalise un score inférieur à celui de la trilogie de Sam Raimi. Sony produit une suite, The Amazing Spider-Man 2, en 2014, et est moins bien accueillie par la critique et le public. Sony envisage alors de créer son propre univers étendu autour de Spider-Man, en développant des films sur les personnages secondaires, comme Venom ou les Sinister Six.

Le deal avec Marvel Studios et l’ère Tom Holland

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Mais le projet est compromis par le piratage des serveurs de Sony en 2014, qui révèle que le studio a eu des discussions avec Marvel Studios pour partager les droits de Spider-Man.

Face à la pression des fans, qui réclament de voir Spider-Man rejoindre le MCU, Sony et Marvel Studios finissent par trouver un accord en 2015 : Sony conserve les droits de Spider-Man, mais accepte de le prêter à Marvel Studios pour qu’il apparaisse dans ses films, en échange d’une partie des recettes.

Sony engage alors un nouvel acteur pour incarner Spider-Man, Tom Holland, qui fait ses débuts dans Captain America: Civil War en 2016. L’accord entre Sony et Marvel Studios prévoit que Spider-Man a droit à trois films en solo produits par Sony, mais intégrés au MCU, et trois apparitions dans les films du MCU produits par Marvel Studios. Le premier film solo, Spider-Man : Homecoming, sort en 2017 et est un succès. Le deuxième, Spider-Man : Far From Home, sort en 2019 et devient le film le plus rentable de l’histoire de Sony, avec plus d’un milliard de dollars de recettes.

Les années 2020 : la rupture et la réconciliation entre Sony et Marvel Studios

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Mais à la surprise générale, Sony et Marvel Studios annoncent en août 2019 qu’ils ne parviennent pas à renouveler leur accord, et que Spider-Man quitte le MCU. La raison invoquée est un désaccord financier :

Marvel Studios demande à Sony de partager à 50/50 les coûts et les bénéfices des films de Spider-Man, alors que Sony souhaite conserver le modèle précédent, où Marvel Studios ne recevait que 5% des recettes du premier jour de sortie. Les fans sont déçus et indignés par cette rupture, et lancent une campagne sur les réseaux sociaux pour demander le retour de Spider-Man dans le MCU.

Finalement, en septembre 2019, Sony et Marvel Studios annoncent qu’ils ont trouvé un nouvel accord, qui permet à Spider-Man de rester dans le MCU pour un troisième film solo, Spider-Man : No Way Home, qui sort en 2021 et qui fait sensation en réunissant les trois acteurs qui ont incarné Spider-Man au cinéma : Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland. Ce film exploite le concept du multivers, qui permet de connecter les différents univers cinématographiques de Marvel.

Le Sony’s Spider-Man Universe (SSU)

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Sony développe son propre univers cinématographique autour de Spider-Man, appelé le Sony’s Spider-Man Universe (SSU). Le SSU se compose de films centrés sur des personnages liés à Spider-Man, mais qui n’impliquent pas directement le héros. Le SSU se déroule dans un univers parallèle au MCU, mais qui peut être connecté à celui-ci grâce au concept du multivers, qui permet de voyager entre les différentes réalités.

Le SSU a commencé avec le film Venom (2018), avec Tom Hardy dans le rôle d’Eddie Brock. Le film a été un succès au box-office, avec plus de 850 millions de dollars de recettes, et a lancé la franchise du SSU. La suite, Venom : Let There Be Carnage (2021), a introduit le personnage de Carnage (Woody Harrelson), un autre symbiote qui s’empare du corps du tueur en série Cletus Kasady, et qui devient l’ennemi juré de Venom. Morbius (2021) a mis en scène le docteur Michael Morbius (Jared Leto) et Madame Web (2024) a « exploré » le mystère de la toile cosmique avec Dakota Johnson.

Venom 3 (2024) et Kraven the Hunter (2024) mettront respectivement en scène la suite des aventures de Venom et la traque du chasseur Kraven (Aaron Taylor-Johnson), un ennemi redoutable de Spider-Man.

Un univers parallèle et connecté au MCU

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Le SSU est également lié au MCU par le biais du multivers, ce qui permet à certains personnages de passer d’un univers à l’autre.

Ainsi, on voit Venom apparaître brièvement dans le MCU dans une scène post-générique de Venom : Let There Be Carnage, où il découvre l’existence de Spider-Man. Cependant, dans la scène post-générique de Spider-Man : No Way Home, Venom retourne dans le SSU, en laissant derrière lui une goutte de son symbiote, qui pourrait donner naissance à un nouveau Venom dans le MCU.

On voit aussi le Vautour (Michael Keaton) apparaître dans le SSU, dans deux scènes post-génériques du film Morbius. Adrian Toomes, alias le Vautour, qui a été introduit dans le MCU dans Spider-Man : Homecoming (2017) comme principal antagoniste se retrouve transporté du MCU dans le SSU à la suite d’une anomalie temporelle causée par le sortilège de Doctor Strange dans Spider-Man : No Way Home. Ayant déduit que son transport impliquait Spider-Man, Toomes approche Morbius et lui propose de former une équipe.

Sony développe activement le SSU avec de nouveaux projets de séries, notamment Silk : Spider Society et Spider-Man Noir, qui seront diffusés sur Amazon Prime Video et MGM+. Parallèlement, l’univers animé de Spider-Man, initié par le film Spider-Man : Into the Spider-Verse, continue de se développer. Ce film a introduit également le concept du multivers, permettant de connecter les différents univers cinématographiques de Marvel, y compris le SSU et le MCU. La franchise de jeux vidéo Spider-Man développée par Insomniac Games, et exclusive à la PlayStation de Sony, est également connectée au multivers partagé du SSU et du MCU, comme illustré dans Spider-Man 2.

Un avenir incertain pour Spider-Man

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L’histoire des droits cinématographiques de Spider-Man est une saga pleine de rebondissements, avec le personnage passant de studio en studio, notamment avec de multiples accords entre Sony Pictures et Marvel Studios.

Bien que Sony Pictures ait réussi à produire d’excellents films d’animation Marvel avec le Spider-Verse, le studio semble avoir du mal à faire de même avec ses films en live-action. Depuis la sortie de Venom, Sony développe des longs-métrages centrés sur des personnages liés à Spider-Man de Marvel, mais sans intégrer Peter Parker dans leurs histoires. Nous voyons donc des personnages revisités qui trahissent leurs homologues de la bande dessinée, comme Ezequiel Sims en antagoniste dans Madame Web. Ces films sont à la fois des échecs critiques et commerciaux.

Idéalement, Sony Pictures et Marvel Studios devraient revoir leur accord pour permettre à Sony de développer deux Spider-Man distincts : un dont la série de films est connectée au MCU de Marvel Studios et qui pourrait également apparaître dans les films du MCU, et un autre dans un univers séparé, le SSU, où Sony pourrait développer son propre univers. Une solution aurait été que Miles Morales soit le Spider-Man du SSU, mais Madame Web indique clairement que le héros du SSU est Peter Parker. Ben Parker apparaît dans Madame Web en tant qu’ambulancier et collègue de travail et ami de Cassandra Web, et Mary Parker, interprétée par Emma Roberts, donne naissance à Peter Parker, bien qui non nommé, à la fin du film.

Madame Web soulève également plusieurs problèmes avec l’introduction de Julia Carpenter (Sydney Sweeney), Anya Corazon (Isabela Merced) et Mattie Franklin (Celeste O’Connor) en tant que jeunes adultes appelées à devenir des Spider-Woman. Dans les comics, elles deviennent des Spider-Woman lorsque Peter Parker a déjà ses pouvoirs. Le fait qu’elles soient déjà des jeunes adultes alors que Peter Parker n’est pas encore né va entraîner plusieurs problèmes pour la suite de l’univers, qui a déjà perdu en cohérence.

Si Spider-Man doit revenir dans le MCU, notamment avec Spider-Man 4 et dans Avengers : Secret Wars, où il aura un rôle central et qui devrait également voir le retour des autres versions du personnage interprétées par Tobey Maguire et Andrew Garfield, il ne serait pas surprenant que Sony Pictures et Marvel Studios revoient leur accord.

De nouveaux accords pour Spider-Man ?

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Nous savons que la conclusion du cycle du multivers de Marvel Studios, qui se fera à l’issue d’Avengers : Secret Wars, aboutira, comme dans les comics, à un soft-reboot du MCU.

En effet, suite aux événements d’Avengers : Secret Wars, l’univers sera remodelé, comme dans les comics. Si le multivers a permis de connecter les différents films Marvel via le multivers, notamment les films de la FOX, tous les héros Marvel seront rebootés et recastés pour la phase 7 du MCU, qui sera un reboot de l’univers et la conséquence des événements d’Avengers : Secret Wars. Au moment de la phase 7, le MCU aura 20 ans, et les acteurs principaux auront vieilli. Il s’agira aussi pour Marvel Studios de réintroduire de nouvelles versions d’Iron Man et de Captain America ainsi que de plusieurs de leurs héros.

C’est pourquoi, à l’issue d’Avengers : Secret Wars, nous devons nous attendre à un nouvel accord entre Sony Pictures, qui ne compte pas se débarrasser des droits cinématographiques de Spider-Man, et Marvel Studios. Un accord pourrait ne pas être trouvé, et nous pourrions voir un reboot du MCU sans Spider-Man. Sony Pictures pourrait décider de ne plus partager les droits de son personnage afin de construire un nouvel univers, un second SSU cohérent, dans lequel Peter Parker / Spider-Man serait au cœur des histoires.

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Thomas
Thomas
Rédacteur en chef et chroniqueur anti-protocolaire. Enfant des années 80's / 90’s biberonné à la Pop Culture.

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