Rambo, le héros emblématique de la pop culture a connu une première vie au cinéma, bien avant Sylvester Stallone et ‘First Blood’.
First Blood : Un reflet d’une époque
En 1972, David Morrell publie ‘First Blood‘, un roman à mi-chemin entre le thriller et la critique sociale. Inspiré par les récits de vétérans du Vietnam et l’héritage traumatique de héros comme Audie Murphy, Morrell imagine Rambo, un ancien Béret Vert errant dans une petite ville fictive du Kentucky. Rejeté par la société et tourmenté par des flashbacks de la guerre, Rambo déclenche une spirale de violence contre un shérif obstiné et son équipe.
Dans le roman, la guerre psychologique et physique entre Rambo et le shérif Wilfred Teasle est implacable. Les deux personnages, pourtant marqués par leur passé militaire, s’affrontent jusqu’à une conclusion tragique : Rambo meurt, tué par son ancien mentor, le capitaine Trautman, tandis que Teasle succombe également à ses blessures. Ce dénouement sombre reflète l’esprit des années 1970, où la désillusion face à la guerre du Vietnam imprégnait la culture populaire.
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L’adaptation hollywoodienne et la métamorphose de Rambo
Le passage du livre au grand écran est une odyssée de dix ans. Après avoir changé de mains entre plusieurs studios, les droits sont finalement repris par Andrew Vajna et Mario Kassar. En 1982, ‘First Blood‘, réalisé par Ted Kotcheff, marque un tournant dans la carrière de Sylvester Stallone.
Sly transforme le personnage en un héros plus humain et sympathique. Contrairement au roman, il épargne les forces de l’ordre, se limitant à des blessures non létales, et survit à la fin du film. Cette révision adoucit la critique sociale originelle pour en faire un succès populaire, récoltant 125 millions de dollars au box-office. Le film devient le premier opus de la seconde franchise, après Rocky, qui iconisera Sylvester Stallone.
Les différences entre le roman et le film sont marquantes : Stallone incarne un Rambo musclé, propre sur lui, et bien différent du vagabond barbu du livre. Le prénom ‘John’, ajouté pour le film, humanise davantage le personnage et s’éloigne de l’anonymat voulu par David Morrell.
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Quand Tomas Milian devance Stallone
Mais Sylvester Stallone n’est pas le premier acteur à incarner Rambo au cinéma. En 1975, sept ans avant ‘First Blood‘, le Cuban-Italien Tomas Milian apparaît dans ‘Syndicate Sadists‘ (‘Rambo’s Revenge‘), aussi intitulé ‘Bracelets de sang‘ France, un film poliziotteschi (néo-polar italien) réalisé par Umberto Lenzi. Milian, fasciné par le roman de Morrell, avait tenté sans succès de convaincre des producteurs italiens d’adapter l’histoire. À défaut, il s’approprie le nom de Rambo pour son personnage dans ce film.
Contrairement à ‘First Blood‘, ‘Syndicate Sadists‘ ne reprend aucun élément narratif du livre. Milian y joue un ex-policier nommé Rambo, lançant une vendetta contre deux familles criminelles responsables du meurtre de son ami. Plus proche de ‘Dirty Harry‘ ou ‘Serpico‘, le film s’inscrit dans la veine des thrillers policiers italiens, avec des cascades spectaculaires et une atmosphère brutale. Le personnage de Tomas Milian partage toutefois certains traits avec le Rambo littéraire, notamment son allure de marginal et son amour des motos.
Le film rencontre un succès notable en Italie, mais reste marginal sur la scène internationale. Certains distributeurs surfent néanmoins sur la popularité des films Rambo de Sylvester Stallone en le rebaptisant ‘Rambo’s Revenge‘ dans certaines éditions. Malgré tout, ‘Syndicate Sadists‘ ne réussit pas à établir une franchise, et le Rambo de Milian tombe dans l’oubli, éclipsé par l’aura de Sly. Par la suite, Milian est apparu dans quelques productions Hollywoodiennes, comme ‘Revenge‘ (1990), ‘JFK‘ (1991), ‘Amistad‘ (1997) ou encore ‘Traffic‘ (2000).
Le premier ‘Rambo’ de Tomas Milian demeure une curiosité cinématographique, une œuvre oublié dans l’histoire d’un personnage devenu mondialement célèbre.