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[CRITIQUE] Horizon : Une Saga Américaine Chapitre 1, Une fresque incomplète

Les épopées relatant l’histoire américaine ne sont plus monnaie courante, et Kevin Costner s’est donné pour mot d’ordre de relater l’expansion vers l’Ouest via une tétralogie. Une suite de quatre films, dont celui-ci : « Horizon : une saga américaine Chapitre 1 », vient nous narrer ladite expansion et la création de la ville nommée “Horizon”.

L’odyssée vers l’Ouest américain

Ce n’est pas la première fois que Costner s’essaye au western, il a de l’expérience, mais cette fois-ci il a décidé de s’attaquer à un gros morceau. Un projet qu’il a en tête depuis 40 ans et qu’il a coécrit avec Jon Baird. En plus de l’écriture, Costner a également mis de sa poche puisqu’il a financé 38 millions sur les 100 millions alloués aux deux premiers films.

Pour en revenir à « Horizon : une saga américaine Chapitre 1« , donnons un peu de contexte en narrant son synopsis :

Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession, l’expansion vers l’Ouest est semée d’embûches, qu’il s’agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres, ou de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser.

Pour donner davantage de granularité au récit, il convient d’indiquer que le long-métrage s’ouvre en 1859 où une famille pose les jalons de la future grande ville en devenir. Celle-ci se fait malheureusement décimer par les Apaches vivant à proximité. En effet, ladite famille s’est installée sur les terres appartenant à la tribu amérindienne.

Une fois ce drame passé, nous sommes téléportés en 1863 où cette fois-ci des colons ont repris le flambeau de la famille ayant trépassé. Des tentes sont visibles, la ville commence à émerger de la terre et une soirée dansante est organisée. Là encore, les Apaches vont décimer les citoyens de la future ville.

C’est à ce point précis de l’histoire que le film démarre réellement et nous introduit aux quatre histoires simultanées qui se croiseront durant tout le long-métrage. D’un côté, il y a une femme et sa fille, dont la famille a été décimée durant l’attaque, le lieutenant de l’armée venant en aide aux rescapés de l’attaque, et puis un peu plus tard, Hayes joué par Costner lui-même, qui se retrouvera mêlé à une histoire de gang entre une femme et le patriarche dudit gang et une jeune prostituée.

Tous ces récits s’entremêlent pour tenter de garder le spectateur en haleine. Le problème étant que chacune de ces histoires ne peut pas tenir seule ; il faudrait un film dédié à chacune de ces histoires. Passer de l’une à l’autre n’est pas une mauvaise idée en soi, mais encore faut-il que les enjeux soient clairs et surtout que cela mène le spectateur quelque part.

Un western politique ?

Les westerns sont intrinsèquement politiques, pour la raison évidente qu’ils dépeignent ou interrogent l’histoire américaine. « Horizon : une saga américaine Chapitre 1 » ne déroge pas à la règle. L’expansion américaine dépeinte par les westerns a tendance à mettre de côté les atrocités perpétrées à cette époque.

Les Amérindiens ont vécu sur ces terres avec des structures sociétales développées, mais l’histoire américaine comme toutes les histoires a son lot de côtés sombres, ce que ne dépeint pas le film dans son récit. Costner dépeint les Apaches quasiment comme des bêtes assoiffées de sang et aveuglées par la guerre, contrairement à l’armée américaine, dépeinte par son lieutenant comme une structure quasi pacifiste. On peut reprocher au film ce côté manichéen.

Comme le définit si bien le livre ‘Philosophie du western‘ :

Les intrigues du western, plus encore que celles d’autres genres comme le film de guerre ou le polar, sont enracinées dans l’histoire nationale américaine : elles ne racontent pas n’importe quel chapitre de cette histoire, mais celui qui se présente lui-même comme essentiel à la définition du caractère propre du peuple américain.

Le genre revêt dès lors un intérêt pour la philosophie politique, dans la mesure où il forme un corpus d’œuvres par lequel un peuple se donne à voir à lui-même, non pas de manière immédiate, mais par le détour d’une narration où il met en scène sa propre institution en tant que peuple, et où il questionne les conditions, la nature et le sens de cette aventure constituante.

On peut aisément dire que Costner passe à côté de tout un pan historique, à la fois en faisant une ellipse de 1859 à 1863, mais surtout en raccourcissant au maximum les faits historiques, s’attardant davantage sur une intrigue amoureuse et une ville en construction qui s’avérera dans un premier temps rongée par les vices pour ensuite, on l’imagine, être prospère.

Clairement, Costner applique ‘l’Odyssée manifeste’ à la lettre sans une once de critique, sans prendre de hauteur, ni même remise en question. Et le tout est loin des westerns spaghettis de Leone ayant un traitement social plus approfondi.

À travers ses antihéros qui ne se vouent jamais corps et âme à une cause et ne sont jamais du côté d’une morale limpide, le genre bouscule le consensus, doute des idéologies et méprise toute forme de pouvoir.

Comme le dit si bien Apolline Caron-Ottavi, les personnages de Leone nous interrogent sur le sens moral des diverses situations présentes sans jamais basculer corps et âme dans une idéologie, contrairement aux personnages présents dans ‘Horizon : une saga américaine Chapitre 1.

Pour autant, le film passe-t-il totalement à côté de son propos ? Pas totalement, car même si les Amérindiens ou les Asiatiques également présents ont un traitement anecdotique, Costner traite l’Amérique dans son ensemble mais perçue à échelle humaine via quatre personnages totalement différents et dont on espère que les chemins se croiseront du côté de Horizon. C’est eux qui font l’histoire. Le commandant de l’armée le dit si bien à propos du lieutenant ‘il veut avoir un rôle à jouer, faire partie de la grande histoire‘.

On attend de voir le deuxième volet pour réellement s’attacher ou s’identifier aux personnages présents, les enjeux pas très clairs et le manque de profondeur fait que l’on passe de l’un à l’autre sans réel attachement émotionnel, si ce n’est peut-être avec le lieutenant de l’armée interprété par Sam Worthington, probablement le plus humain des personnages présents.

Horizon : une saga américaine Chapitre 1 : une œuvre réussie ?

En conclusion, il est difficile de s’exprimer sur ce premier volet, c’est avant tout un apéritif et les fondations sur lesquelles les prochains volets vont s’appuyer. Clairement, ce premier film manque cruellement de profondeur et de questionnements. Nous ne sommes clairement pas sur une fresque grandiloquente digne de Kubrick ou Leone. Néanmoins, il faudra juger une fois ladite fresque terminée et voir comment Horizon se développe.

Ironiquement, le personnage de Kevin Costner est le plus développé, celui dont la péripétie est la plus complète, mais ce taciturne de Hayes Ellison est une coquille vide, du moins pour le moment, ne véhiculant aucune émotion ou sympathie. Les personnages en sont réduits à être des machines génératrices d’intrigues et d’engrenages dramatiques. Aucun de ces personnages ne semble lié au monde extérieur et vivent chacun dans leur bulle, donnant l’impression d’un film à deux vitesses.

Difficile en l’état de conseiller le visionnage de ‘Horizon : une saga américaine Chapitre 1‘ tant celui-ci est brouillon. Il serait plutôt judicieux de regarder, si ce n’est pas déjà fait : ‘Danse avec les loups‘, réalisé par Kevin Costner.

RÉSUMÉ

'Horizon : une saga américaine Chapitre 1' est une fresque aux fondations fragiles. La mise en scène et les panoramas n’arrivent pas à sauver le manque de profondeur dans cet univers mais également dans ses personnages.

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Rami
Rami
Fils caché de Kurosawa et de Robert Downey Jr, il est à la recherche perpétuelle du meilleur film.Vous le trouverez très souvent dans une salle de cinéma, à toute heure, de jour comme de nuit. Attention, ne jamais nourrir après minuit.

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'Horizon : une saga américaine Chapitre 1' est une fresque aux fondations fragiles. La mise en scène et les panoramas n’arrivent pas à sauver le manque de profondeur dans cet univers mais également dans ses personnages.[CRITIQUE] Horizon : Une Saga Américaine Chapitre 1, Une fresque incomplète