Un internaute a partagé une histoire incroyable qui mêle cinéma, politique, histoire et conséquences dans un long thread sur Twitter (X). Il relate sa rencontre avec Adrian Hong, un militant pour la libération de la Corée du Nord, qui a participé avec lui au tournage du film The Dark Knight Rises de Christopher Nolan.
Une expérience de cinéma hors du commun
Aaron Stewart-Ahn, un scénariste et un réalisateur indépendant basé aux États-Unis, explique qu’un ami l’a engagé comme figurant pour jouer un policier de Gotham City dans le troisième volet de la trilogie Batman de Nolan. Cet ami, c’est Adrian Hong, un expert en taekwondo et en affaires nord-coréennes, qui lui a proposé de rejoindre l’aventure.
Here is a weird story about consequences, politics, history and Chris Nolan films.
This is a photo of me as a Gotham Police Officer, an extra in The Dark Knight Rises. They were out of my uniform size. Pic secretly taken during the shoot by a friend. His name is Adrian Hong… pic.twitter.com/gEmvvez2Ad
— Aaron Stewart-Ahn Strike‼️ (@somebadideas) July 30, 2023
Ils ont participé à la scène finale du film, où les forces de l’ordre affrontent la milice de Bane dans les rues de Gotham City, donc le décors est la ville de New York. Le tournage leur a réservé quelques anecdotes, comme le fait qu’ils devaient arrêter de sourire et de rire pendant les combats, car cela se voyait en IMAX, ou encore que le lieu du tournage portait encore les traces d’un attentat anarchiste datant de 1920.
A few odd details about shooting this scene of the Dark Knight Rises: the staging area was 23 Wall Street, a building that still bears scars from a bombing of Wall Street in 1920, possibly committed by Anarchists… pic.twitter.com/SUBpJp6yNs
— Aaron Stewart-Ahn Strike‼️ (@somebadideas) July 30, 2023
Par ailleurs, le tournage coïncidait avec le mouvement Occupy Wall Street, qui protestait contre les inégalités sociales et économiques à quelques pâtés de maisons. Le contraste entre la fiction et la réalité était saisissant. L’internaute se souvient aussi que certains anciens policiers présents sur le plateau lui ont montré comment ils utilisaient leurs matraques pour étrangler ou immobiliser des suspects.
Un militant aux méthodes controversées
Mais ce qui rend cette histoire encore plus étonnante, c’est le destin d’Adrian Hong, qui a basculé dans l’activisme radical quelques années plus tard. L’internaute explique qu’il a perdu contact avec son ami, qui était frustré par l’inaction des États-Unis face à la dictature nord-coréenne. Adrian Hong avait fondé une organisation appelée LiNK (Liberty in North Korea), qui aidait les réfugiés à fuir le régime de Kim Jong-il.
In February 2019, the N Korean embassy in Madrid was raided, led by an ex US marine and former Gotham City cop Adrian Hong, who gained entry by posing as a businessman to make deals in N Korea. It went sideways and Adrian fled the scene in an Uber under the name Oswaldo Trump… pic.twitter.com/Bdx2tAdMIV
— Aaron Stewart-Ahn Strike‼️ (@somebadideas) July 30, 2023
En 2019, il a été impliqué dans un raid spectaculaire contre l’ambassade nord-coréenne à Madrid, où il s’est fait passer pour un homme d’affaires intéressé par des investissements en Corée du Nord. Avec une dizaine d’acolytes, il a pris en otage le personnel diplomatique et volé des ordinateurs et des documents confidentiels. Il a ensuite fui l’Espagne dans un Uber sous le nom d’Oswaldo Trump.
De retour aux États-Unis, il a tenté de remettre les informations volées au FBI, mais il s’est rendu compte qu’il était recherché par la justice espagnole et menacé par les agents nord-coréens. Après le rapprochement de Trump avec Kim Jong Un, son complice complice Christopher Ahn a été arrêté. Il a alors disparu de la circulation, laissant derrière lui sa femme et sa fille afin de les protéger.
Une réflexion sur la morale et les conséquences
Aaron conclut son thread en disant qu’il ne souhaite pas à ce que son histoire devienne un procès d’Adrian Hong. Il précise qu’il ne cherche pas à le juger moralement ou politiquement, mais qu’il veut raconter comment les vies se croisent parfois avec l’art et l’histoire. Il dit que Hong n’est pas une abstraction, mais une personne complexe, contradictoire, pleine de secrets et motivée par des intentions qu’il pense être bonnes.
Il ajoute que c’est exactement pour cela qu’il considère Oppenheimer comme un grand film, qui explore les espaces moraux ambigus que les personnes brillantes, audacieuses et erronées qui veulent changer le monde occupent souvent à plusieurs niveaux à la fois, et le trou noir gravitationnel de la politique. Aaron Stewart-Ahn affirme que parfois, on voit cela de très près dans l’art, et que cela pourrait être n’importe lequel de ses amis. Il souligne que les choix que nous faisons sont dangereux et que les conséquences sont toujours imprévisibles et que nous avons besoin d’histoires complexes sur les personnes.