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Parlons #Crowdfunding au cinéma et en video

Aujourd’hui dans Parlons Crowdfunding nous parlerons de quelques projets en lien avec le cinéma. Au menu : une tanière de dragon, des marionnettes déglinguées, un gamin plongé dans les ténèbres et un Karim Debbache.

Dragon’s lair : le film

Premier projet, l’adaptation en film de Dragon’s lair, le « jeu vidéo » démoniaque de Don Bluth. L’histoire est très simple, un chevalier un peu simplet doit retrouver sa dulcinée enfermée dans un donjon. Ce n’est donc pas sur son scénario que le jeu s’est taillé sa réputation, mais sur ses animations sublimes et sa difficulté démentielle. Précurseur des QTE, Dragon’s lair était entièrement construit sur le modèle du choix multiple inspiré des livres dont vous être le héro. Une animation portait le joueur jusqu’à un embranchement où il devait précipitamment opter pour la bonne direction. Tout mauvais choix ou défaut de timing entraînait le décès de l’avatar (au prix d’une animation particulièrement délectable). Excessivement punitif, le jeu ne laissait pas droit à l’erreur.
Outre son sadisme vidéo ludique, Don Bluth est connu pour avoir accouché de monuments de l’animation tel que Fievel et le nouveau monde, le secret de madame Nimh, Rock-o-rico, le petit dinosaure et la vallée des merveilles… rien que ça !

Avec un tel gage de qualité, le projet aurait dû être conclu en un instant, malgré la somme importante demandée (l’objectif de financement est placé à 550,000 $). Pourtant la campagne n’a fait qu’un décollage honorable. Serait-ce dû au fait qu’aucune des contreparties ne comprend de copie du film en question ?
Pour autant, venant d’un grand nom comme Don Bluth, la démarche est empreinte de bon sens. En effet, il est peu probable qu’une fois le film terminé, il ne trouve pas de distributeur. Or, les contrats de distributions contiennent des nombreuses clauses d’exclusivité (en terme de supports, de géographie, de durée d’exploitation, etc.). Cela aurait pour conséquence de retarder considérablement l’envoi du film aux donateurs ou de complexifier inutilement la négociation avec un potentiel distributeur.

Mais peut-être que l’explication est toute autre. Peut-être tout simplement que le monde à oublié Don Bluth et que de ce fait, le Don a été un peu trop ambitieux sur la somme demandée.

Frank & Zed : les marionnettes de l’horreur

Après avoir pris la température avec une première campagne avortée, Frank & Zed : le film d’horreur tout en marionnettes est de retour.

« Il y a des siècles une bataille désespérée laisse derrière elle un village détruit, une jeune mariée morte et deux ennemis jurés dépendants l’un de l’autre. Oubliés parmi les ruines encore fumantes, nos deux héros doivent se contenter de subsister chichement, chacun responsable de nourrir l’autre ».
A ce synopsis barré, s’ajoute l’excitante perspective de voir un film de marionnettes passablement gore en 35mm.

Si l’idée a de quoi faire saliver tout cinéphile fan de cinéma de genre normalement constitué, la première campagne de financement fût un échec. A quelques jours de la fin, à peine 10% du budget sont réunis. Et pour cause, Jesse Blanchard, le porteur de projet a visé un peu haut : un premier projet de long métrage à 155 000$, voilà qui était (trop) ambitieux. Pourtant, lui et son équipe (délicatement nommée Puppetcore) avaient toutes les clés en mains : un projet détaillé et appuyé de vidéos prouvant la faisabilité du film et le talent des marionnettistes. Preuve en est que cela ne suffit pas pour un premier projet. La confiance des backers s’acquiert pas à pas. Il est temps de redistribuer les cartes et d’être un peu moins gourmand. Loin de se démonter, Jesse Blanchard annule donc sa campagne pour en créer une nouvelle tout aussi détaillée, mais visant cette fois à financer un court métrage avec pour objectif à atteindre 15 000$.

Un changement de stratégie des plus efficaces puisque le projet est financé à mi-parcours qu’il s’agit à présent d’atteindre de nouveau paliers. Ayant parfaitement compris comment mener une campagne et impliquer ses donateurs, l’équipe de Puppetcore ne cesse de publier des mise à jour, des concours, des propositions de brainstorming… du grand art !

Alors que les projets dits « de genre » se multiplient, vomissant des effets numériques de plus en plus putassiers et détestables, un film de marionnettes en 35mm ça ne se refuse pas. Ça se soutient. Pour l’occasion c’est LE coup de cœur de cette édition.

La Noria : l’angoisse animée

Court toujours mais cette fois d’animation, La Noria voudrait vous effrayer sans vous faire sursauter.
« C’est l’histoire d’un petit garçon qui aime dessiner et construire des grandes-roues en jouet qui après un deuil dévastateur rencontre des créatures qui vont mettre sa vie sens dessus dessous. »
Le projet est présenté comme un projet très personnel – voire cathartique – de Carlos Baena. Le nom du créateur ne vous dit peut être rien, mais son CV est impressionnant puisqu’il s’est illustré sur différents films notamment chez Industrial Light & Magic, Paramount Pictures et Pixar Animation Studios.

Il lui reste quelques jours pour atteindre l’objectif de 50 000$. Après 20 jours de collecte, il dépasse doucement les 42 000$ ramassés. Souhaitons lui de réussir car la Noria promet une direction artistique des plus léchées. S’il est trop tôt pour se prononcer sur le résultat final, les intentions et les promesses de Carlos Baena et son équipe ont déjà réussi à convaincre plus de 500 donateurs.

Chroma : Debbache est dans la plache.

Après nous avoir enchanté les yeux, les oreilles et le cortex cinéphilique sur JV.com avec sa chronique Crossed, le sieur Karim Debbache is back. Cette fois en toute indépendance. Et comme l’indépendance a un prix, il a demandé une petite contribution pour sa nouvelle chronique vidéo sur le cinéma intitulée Chroma. L’objectif de 20 000 ayant été atteint en moins de temps qu’il ne le faut pour dire « comme quoi, ça paye de faire de la qualité ! », l’équipe de Chroma a actuellement 183 783 € pour tourner sa première saison.

Quelques mots clés pour comprendre un tel succès : qualité, cultivé, fidélité, légèreté, humour, passion, intelligence, soin…

L’équipe de Crossed a su au fil des chroniques se construire une véritable armée de fans avide de se cultiver dans la joie et la bonne humeur, parce qu’elle a su s’adresser à une large communauté avec une franche camaraderie, tout en proposant un véritable contenu, riche et intelligent sans jamais être prétentieux. La promesse d’un retour pour faire la-même-chose-mais-en-pas-pareil ne pouvait donc qu’être accueillie en fanfare. Crossed est mort, vive Chroma !

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Colin
Colin
Chroniqueur graphique névrosé, passionné de cinéma de bourrinage vidéo-ludique et de Russ Meyer.

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