The Crow
Quoi ? Je vais vous parler d’un film ?
Ben ouais, au vu de la qualité de bande originale.
Je vais passer les poncifs rapidement: mort accidentel de Brandon Lee (fils de Bruce), l’acteur principal, blablabla. Bien que sa mort soit assez ironique, avec le scénario du film…
Un type revient d’entre les morts. Il tient à se venger des malfrats qui les ont assassiné, lui et sa petite amie, un an auparavant. Cela augure de l’Eros et du Thanatos, tout çà !
Je replace dans le contexte. Nous sommes dans la première moitié des années ’90. Les années ’80, en matière visuelle et philosophique, exerce encore un certain ascendant, dans tout ce qui n’est pas joyeux. La brit-pop commence tout juste à se faire entendre. Kurt Cobain, Jeff Buckley, Serge Gainsbourg, Freddy Mercury meurent. L’URSS n’existe plus. Une certaine grisaille et monotonie s’installent, dédiées au Dieu Capitalisme du vainqueur, les USA. Vous voyez le topo..?
Dans ce début de fin du monde, on ne combat plus, on subit: les gens deviennent des produits, des robots. Même l’amour devient un travail, un poids; d’où une certaine non-sensualité, mais plutôt hyper-sexualité (sublimé, entre autres, par l’album Erotica de Madonna). Terreau des néo-romantiques, en somme (qu’on appelle les gothiques, vous savez, les gens qui s’habillent et se maquillent en noir, qui parlent de souffrances, ce qui avait avant les émos des années 2000). Mais aussi du « renouveau » d’un rock plus brut, qui avait été assagie par les années ’80.
Sort donc un film avec un scénario presque risible, mais où se dégage une atmosphère à la fois lumineuse et sombre, touchante et inquiétante, presque monochromatique. Le héros n’est pas en reste, affublé d’un long manteau sombre, les cheveux longs et crades, avec un maquillage criard de clown morbide (Heath Ledger n’a rien inventé pour l’aspect du Joker de The Dark Knight…).
The Crow, à l’image des années ’90, pleure sur l’innocence perdue.
La B.O., parce qu’on est là pour çà, y est pour beaucoup dans le succès du film. Des titres de grands groupes de cette mouvance sont proposés, participant à ce conte sur la mort et l’amour. Pour une fois, la musique ne sert pas qu’à alimenter le sujet ou à faire un clin d’oeil, elle devient un personnage. Pas anodin que le héros était un ancien musicien…
The Cure – Burn
Machines Of Loving Grace – Golgotha Tenement Blues
Stone Temple Pilots – Big Empty
Nine Inch Nails – Dead Souls
Rage Against The Machine – Darkness Of Greed
Violent Femmes – Color Me Once
Rollins Band – Ghost Rider
Helmet – Milktoast
Pantera – The Badge
For Love Not Lisa – Slip Slide Melting
My Life With The Thrill Kill Kult – After the Flesh
The Jesus And Mary Chain – Snakedriver
Medecine – Time Baby III
Jane Siberry – It Can’t Rain All the Time
Sinon, Lady Gaga revient.
[…] lire également, la chronique d’Uriamu consacrée à The Crow Mémoires d’un Junkie Dl’a Zik #11. ShareTweet […]