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Adopte un Créatif : Interview avec Jessica du blog Bon Chic Bon Genre

Laissons les tendances de côté et intéressons-nous à l’originalité. Avec Adopte un Créatif, vous allez découvrir des passionnés, des créatifs, des youtubeurs / youtubeuses méconnu(e)s qui font l’actualité du web. Pour ce nouveau numéro, je suis parti à la rencontre de Jessica, fondatrice et rédactrice en chef du blog Bon Chic Bon Genre.

Pour cette nouvelle interview, j’ai souhaité mettre en lumière le travail de Jessica et son blog Bon Chic Bon Genre. On ne le dit jamais assez, les blogueurs sont également des créatifs. J’ai découvert l’univers de Jessica par l’intermédiaire de la ‘s’horrorité‘, en résumé des créatrices de contenus passionnées par le cinéma d’horreur et d’épouvante. Avec Bon Chic Bon Genre, Jessica analyse le cinéma via deux notions, le féminisme et l’horreur. Clairement, elle propose du contenu et des analyses de qualités qui méritent que l’on s’y attarde. Rencontre avec une cinéphile, blogueuse, gameuse, féministe, mère.

Bonjour Jessica, merci de participer à notre chronique ‘Adopte un Créatif’. Dans le cas où il y aurait des internautes ignorant ton actualité peux-tu te présenter et nous rappeler ton parcours ?

Jessica : Je suis blogueuse cinéma, je tiens le site Bon Chic Bon Genre et j’aborde le cinéma sous le prisme du féminisme. Je suis blogueuse depuis plus de 10 ans, mais ce site a un peu plus d’un an.

Auparavant j’avais des blogs plus généralistes sur le cinéma et le cinéma de genre. J’ai une formation dans la stratégie digitale, donc rien à voir !

Quelle est ta toute première expérience avec internet ?

Jessica: Ça remonte à loin… Caramail peut être ! Mince je suis vieille…

Présente-nous ton univers :

Jessica : Il y a quelques années, j’ai un peu laissé en stand by le précédent blog que j’avais. Je me suis beaucoup investie dans 3 associations féministes où j’ai beaucoup déconstruit mon regard, l’histoire de mon pays, les systèmes structurels de domination. J’ai aussi organisé des projections, lu, collé des affiches, participé à des actions de rue…

Et mon regard sur le cinéma a forcément évolué aussi. D’autant que depuis #metoo, on entend plus de voix qui déconstruisent la manière dont les personnages féminins sont représentés.

Mais j’ai toujours peu vu/lu des travaux qui s’intéressent à la manière dont le cinéma de genre traitent les femmes, les minorités, etc… Comme c’est un cinéma souvent violent ou angoissant, il est admis que les personnages soient maltraités, et on se pose peu la question du genre. Alors que rien qui nous est montré dans une mise en scène est anodin.

Donc j’ai eu envie de croiser mon regard de féministe et de cinéphile de genre.

Pour le nom, j’ai repris la fameuse expression BCBG pour la détourner. Le cinéma de genre est souvent méprisé, surtout en France, alors qu’il est souvent bien plus respectable dans ses intentions que d’autres films d’un genre plus admis, comme la comédie française. Et puis comme je traite de genre et de cinéma de genre, je voulais garder le terme ‘genre’ pour être rapidement identifiable.

Qu’est ce qui t’a donné ta vocation ?

Jessica : Depuis petite j’aime le cinéma, c’est un art que je trouve complet (image, musique, couleurs, structure…). Mon frère m’a initié à Alien et Terminator quand j’avais une dizaine d’années et ces univers m’ont fascinées. J’étais trop jeune pour comprendre tous les enjeux, mais je voyais bien que ce cinéma avait des choses très différentes et intéressantes à dire.

Et comme beaucoup de gens, le cinéma m’aide à comprendre mon environnement, ma vie, les gens… je serais perdue sans !

Quelle a été la réaction de tes proches ?

Jessica : J’écris depuis longtemps donc ils n’ont pas été surpris. Ils sont contents de voir que ce blog m’amène à faire des rencontres, être invitée dans des festivals…

Quelle sont tes sources d’inspiration ?

Jessica : Je trouve mes idées d’articles quand je remarque un détail qui me pose question. Par exemple, quand j’ai vu Evil Dead (le remake, mais c’est pareil dans l’original), le perso féminin est violé lors de sa possession par l’entité maléfique via une branche. J’ai beau adoré Evil Dead, cette scène n’a pas beaucoup de sens, et surtout je me suis demandée si la représentation d’un homme ou d’une femme possedé.e, était traitée de manière différente dans les films de possession. Et si oui, comment ? C’est comme ça que j’ai commencé à faire une liste de films, à regarder, et à analyser.

Pour moi c’est important de lier les films à un autre que du cinéma, parce que celui ci s’inscrit dans une société et/ou son histoire.
Donc je connecte toujours le cinéma à des livres, podcasts, émissions, histoire…

Quelle est ta première expérience de créatif sur le web ? Comment cela s’est passé ?

Jessica : J’ai toujours écrit sur mes blogs. J’ai l’opportunité d’écrire pour d’autres mais mon blog me prend déjà beaucoup de temps. Et je tiens vraiment à garder mon blog tout simplement pour avoir la totale liberté d’écrire ce que je veux, quand je veux. Mais c’est sûr que ça demande plus de taf de manière générale (faire des recherches, écrire, gérer le site, communiquer…).

Après comme je me nourris et m’intéresse aussi beaucoup au travail des autres, je me suis dis que ça serait intéressant de faire des interviews de personnes qui tiennent des chaînes/blogs/podcasts. Mais quand j’ai vu à quel point les femmes étaient soit invisibilisées, soit avaient le syndrome de l’imposteur et osent moins se montrer, j’ai décidé d’interviewer uniquement des femmes.

Quel a été ton meilleur moment ? Le pire ?

Jessica : Mon meilleur moment je crois c’est quand Mylène de la chaine/blog Welcome To Prime Time Bitch a décidé de réunir des femmes fan d’horreur, qu’on appelle maintenant la S’horrorité (avec Demoiselles d’Horreur, Leo Lurillo et Laura Fait Genre).

Je n’aurais jamais pensé à m’allier comme ça sans se connaître et j’ai trouvé ça très sympa. Surtout que c’est arrivé pendant le 1er confinement, et ça a été l’occasion de démarrer des lives, de s’organiser pour prendre un peu de place.

Je n’ai pas de pire souvenir, il y a toujours parfois des désagréments, mais je tiens un blog, pas une chaîne, du coup je suis plus à l’abri quand même.

Quelles sont, dans tes publications, celles qui te semblent les plus intéressantes, qui te tiennent le plus à cœur, et pourquoi ?

Jessica : Les dossiers que j’écris sur les représentations. Pour le moment, j’en ai fait un sur la possession, la femme forte, la psychophobie. C’est très long à chaque fois mais très enrichissant.

J’aime bien aussi analyser les sagas. J’ai fait Halloween, Freddy, Willard, Candyman… La prochaine sera Chucky.

C’est toujours intéressant de voir les thèmes abordés dans des sagas, comment les films évoluent, selon les réalisateur-rices…

Tenir un blog, c’est aussi des rencontres virtuelles / réelles. Quelles sont celles qui t’ont le plus marqué ?

Jessica : Incontestablement les femmes de la s’horrorité dont je parlais plus haut. J’ai eu l’occasion de rencontrer en vrai Mylène, Eleonore et Judith. Mais en dehors de cette s’horrorité j’ai aussi rencontré Sam de Vidéodrome, Clem de Cinéma&Politique. Et Océane du podast Lemon Adaption Club, EK de Vidéo 47, Raphaëlle de SweetBerry… C’était vraiment super, de belles rencontres, ce sont des femmes dont j’apprécie énormément le travail et qui proposent toutes des choses différentes et complémentaires.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes créatifs qui souhaitent partager leurs univers sur la toile ?

Jessica : Avant de se lancer, il faut se demander de quoi on veut parler, sous quel angle et quel format. Il y a beaucoup beaucoup de blogs, chaînes, et même le podcast a explosé. Alors il faut apporter un contenu qui se différencie pour essayer d’être visible.

Ça passe par définir une stratégie éditoriale, quel que soit le support. De cette manière, le public saura identifier rapidement ce que la personne propose, et la suivra pour un contenu précis. Il y a tellement de contenu à dispo, qu’il faut pouvoir vite être identifié.e.

Si tu pouvais adresser un message à toi-même à l’âge de 10ans, lequel serait-ce ?

Jessica : Fais toi plus confiance ! (Mais je me le dis aussi maintenant…)

Que ferais-tu avec un budget digne d’un blockbuster ?

Jessica : Je le donnerais à Julia Ducournau pour qu’elle tourne un film sur Poison Ivy en militante écologique (et non en éco terroriste!), en mode Woman At War. Avec Harley Quinn qui vient filer un coup de main.

Nous faisons appel à ton esprit créatif. A toi de nous proposer quelque chose et de commenter.

Jessica : Je dessine régulièrement des perso issus de l’horreur pour mon compte Instagram. Alors voici le dernier en exclu totale qui sera intégré dans un prochain feed.

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Tu le sais, notre thématique est la Pop Culture. Que signifie pour toi la culture populaire ?

Jessica :Je vais dire des choses déjà dites 100 fois mais c’est une culture qui est accessible en termes de concepts, d’images, et qui font appel à des émotions ou des vécus assez universels. Elle peut donc peut rassembler des personnes ayant un background très différent. Sous la forme en apparence légère, la pop culture peut aborder des thèmes très pertinents (le racisme pour les X-Men, le consumérisme pour les Gremlins…)

Quelles sont tes œuvres de référence dans la Pop Culture ?

Jessica : Je suis une grande fan d’Harley Quinn. Elle est passée par beaucoup de représentations différentes de son style que ça soit dans les comics, dessins animés, films. C’est un personnage féminin très maltraité par les hommes, et en particulier le joker. Elle représente beaucoup de formes de violences conjugales (physique, sexuelle, morale, verbale). J’aime beaucoup sa personnalité exacerbée, qui se soucie peu de ce qu’on pense d’elle, qui va au bout de son délire. Elle a une sexualité libérée et libre.

Je trouve qu’elle représente bien tous les aspects qu’une femme peut être. Sous emprise, violentée, déterminée, sexuellement active, combattive… Bird Of Prey représente bien cet état d’esprit, sans la prendre pour une folle décérébrée. (c’est une psychiatre à la base).

Sinon j’aime beaucoup Batman, pas tellement pour son côté justicier, mais pour sa grande solitude et sa noirceur qui en fait un superhéros proche des antagonistes. Et puis j’ai grandi avec les films de Spielberg aussi, E.T, Les Dents de la Mer, Jurassic Park et surtout la belle époque de Burton. Ce sont des films que j’ai toujours plaisir à regarder.

Et quelles sont tes attentes ?

Jessica : J’ai hâte de voir le Candyman de Nia DaCosta dont j’ai beaucoup aimé le 1er film, Little Woods. Je suis aussi curieuse de voir son Captain Marvel 2, même si le perso m’intéresse moins.
Halloween Kills et prochain Scream évidemment.

J’ai hâte de voir Teddy, le prochain film de genre français de loup garou ! Mais aussi le prochain Aja qui sera en français, et sur Netflix. Et bien sûr Titane, de Julia Ducournau.

Un mot sur ton actualité ? Tes projets en cours ?

Jessica : Je commence tout juste à visionner des films de loups garou pour comprendre la représentation des loups garou selon le genre. J’adore les films de loup garou mais j’ai surtout eu l’idée de ce dossier en regardant Cursed de Wes Craven. C’est l’un des rares films où il y a à la fois une femme et un homme loup garou. Et les effets de cette transformation sont très différents.

A quel autre créatif souhaiterais-tu voir poser ces questions ?

Jessica : La chaîne The Plot Point. Elle décortique la manière dont les scénarios et personnages sont écrits et c’est passionnant. Elle n’a pas assez d’abonné.es !

As-tu beaucoup de retour des personnes qui te suivent ?

Jessica : Oui, parfois en commentaires mais surtout sur les réseaux sociaux. Surtout quand par rapport aux dossiers, c’est un contenu qu’elles ne trouvent pas forcément ailleurs je pense.

Tes abonné(e)s te soufflent des idées parfois ?

Jessica : Sur des idées de films oui ! J’ai découvert beaucoup de films de cette manière.

Que voudrais-tu dire à tous tes abonné(e)s et aux prochains ?

Jessica : Un grand merci d’accorder un peu de temps et d’intérêt à mes articles parfois très long ! Que chaque lecture est importante pour moi, et surtout j’espère contribuer à proposer un regard un peu différent sur le cinéma de genre.

Un petit message pour ta sororité de l’horreur ? (Rires)

Jessica : Je suis contente de vous avoir rencontrées, c’est encourageant de voir cette solidarité, dans cet univers compétitif. Et j’ai beaucoup appris à vos côtés donc merci beaucoup ! J’espère que cette s’horrorité va s’étendre !

Pour terminer, quelle question aurais-tu souhaité que l’on te pose et qu’aurais-tu répondu ?

Jessica : Mon péché mignon (qui n’est pas péché en fait) : le chocolat. J’adore parler de ma passion du chocolat.

Encore une fois merci Jessica d’avoir participé à Adopte un Créatif.

Jessica : Merci à toi !

Bon Chic Bon Genre
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Jessica / Bon Chic Bon Genre sur Twitter

Propos recueillis par Thomas O. pour Eklecty-City.fr, qui remercie Jessica de s’être prêtée au jeu d’une interview.

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Thomas
Thomas
Rédacteur en chef et chroniqueur anti-protocolaire. Enfant des années 80's / 90’s biberonné à la Pop Culture.

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