Laissons les tendances de côté et intéressons-nous à l’originalité. Avec Adopte un Créatif, vous allez découvrir des passionnés, des créatifs, des youtubeurs / youtubeuses méconnu(e)s qui font l’actualité du web. Pour ce nouveau numéro, je suis parti à la rencontre de Clémentine et de sa chaîne Youtube ‘Cinéma et Politique’.
Après la création d’une chaîne Youtube consacrée aux sciences humaines et sociales, Clémentine a lancé la chaîne ‘Cinéma et Politique’ avec laquelle elle appréhende les films avec une approche politique. Avec ses vidéos, elle décode les coulisses de production d’un film via son contexte historique, social, politique, économique ou encore culturel. Rencontre avec une cinéphile fan d’Indiana Jones et de Faites entrer l’accusé.
Bonjour Clémentine, merci de participer à notre chronique ‘Adopte un Créatif’. Dans le cas où il y aurait des internautes ignorant ton actualité peux-tu te présenter et nous rappeler ton parcours ?
Clémentine : J’ai crée ma première chaîne YouTube en 2017, Le Labo de la Légiste qui était plus axée sciences humaines et sociales. Sur cette chaîne, j’ai un jour réalisé une vidéo sur la portée politique du western italien. Vu le succès de la vidéo, relatif à mon nombre d’abonnés sur la chaîne, j’ai décidé de créer une nouvelle chaîne, Cinéma et politique qui – comme son nom l’indique – unit en fait mes deux passions : celle qui m’accompagne depuis l’âge de 13 ans, le cinéma, et celle qui est venue un peu plus tardivement, la politique.
Quelle est ta toute première expérience avec internet ?
Clémentine : En 2001, la création de mon premier compte Caramail.
Présente-nous ton univers :
Clémentine : Ma chaîne a pour vocation d’appréhender les films avec une approche politique : c’est à dire, qu’il s’agit de considérer les films comme des objets politiques. Je tente donc de fouiller les imaginaires collectifs qu’ils véhiculent et de décrire le contexte (à la fois historique, social, politique, économique et culturel) qui entoure la production d’un film pour décoder le ou les discours politiques d’un film. Tout cela, je le fais en prenant appui sur du travail de recherche universitaire.
Qu’est ce qui t’a donné ta vocation ?
Clémentine : Je ne considère pas ma chaîne comme « une vocation ». Cette chaîne, c’est le résultat d’un parcours qui mêle intérêt pour la vidéo depuis toute petite, pour le cinéma ensuite et plus tard, pour la politique ainsi que les sciences humaines et sociales. Ma formation en audiovisuel est aussi essentielle dans ce parcours.
Quelle a été la réaction de tes proches ?
Clémentine : Pas de réaction particulière, la plupart s’en foutent ou ne sont pas au courant, d’autres s’intéressent à mon travail.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Clémentine : Je n’ai pas vraiment de sources d’inspiration, en tout cas « conscientes », pour la chaîne. Pour le reste, c’est une autre histoire !
La qualité de ton écriture, le montage et la narration de tes vidéos rappellent ce que l’on peut voir sur la chaîne Arte. Le ton de la chaîne a-t-il influencé ton univers ?
Clémentine : Je ne sais pas, on me le dit souvent… Je visionne de temps en temps des documentaires sur Arte et ce, depuis pas mal d’années, donc peut-être, qu’inconsciemment, certaines choses m’ont marquée mais c’est impossible pour moi de donner des références précises.
Pour l’écriture, j’écris depuis très longtemps et quand j’étais adolescente, je tenais des blogs de cinéma donc mes compétences rédactionnelles résultent de tout ce travail. Pour le montage, je n’aime pas du tout les montages épileptiques que l’on trouve beaucoup sur YouTube. Je préfère quelque chose de plus posé. Il faut qu’on ait le temps de voir les images, les archives. Ce qu’on voit sur YouTube, c’est souvent du magma informe.
En fait, parfois, je me demande pourquoi certains ne font pas juste des podcasts tellement sur le plan visuel, les images sont juste là pour combler le vide. Un bon montage ne consiste pas à aller vite, à être super cut et à enchaîner les effets mais à bien raconter une histoire, un propos avec un bon sens du tempo qui permet de digérer les informations. D’ailleurs, mes vidéos pourraient être encore plus aérées à certains endroits.
Pour la narration, je tente d’avoir quelque chose de très structuré mais aussi de raconter des histoires pour rendre vivante et accessible l’approche politique du cinéma.
Quelle est ta première expérience de tournage ? Comment cela s’est passé ?
Clémentine : J’ai commencé à faire des « films » avec mes Playmobils quand j’étais petite. Cela s’est très bien passé car les Playmobils sont des acteurs dociles mais néanmoins, assez peu expressifs.
Quelles sont, dans tes vidéos, celles qui te semblent les plus intéressantes, qui te tiennent le plus à cœur, et pourquoi ?
Clémentine : Je dirais L’Inspecteur Harry car elle permet d’avoir un autre regard sur le film, de connaître un contexte finalement assez peu connu sur un film connu. Je trouve le contexte autour du film absolument passionnant. Je suis d’ailleurs en train de travailler sur une prochaine vidéo consacrée aux héros bodybuildés du cinéma d’action des années 80 et d’une certaine manière, elle s’inscrit dans la continuité de la vidéo sur L’Inspecteur Harry.
Ensuite, je dirais, La Bataille d’Alger car là encore, toute l’histoire autour du film est passionnante et foisonnante. En plus, ce film splendide est assez peu estimé en France.
Je trouve aussi qu’une vidéo comme celle sur le documentaire Octobre à Paris est aussi importante car elle révèle le problème de mémoire collective qu’il existe vis-à-vis de la colonisation en France.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes créatifs qui souhaitent partager leurs univers sur la toile ?
Clémentine : C’est un peu compliqué de répondre à cette question car il faudrait vraiment voir au cas par cas en fonction des besoins, des demandes et des attentes… Je n’ai pas trop envie de balancer des trucs tartes à la crème : « persévérez », « il faut avoir foi en vous », etc., c’est un peu plus compliqué et concret.
Si tu pouvais adresser un message à toi-même à l’âge de 10 ans, lequel serait-ce ?
Clémentine : N’idolâtre personne !
Que ferais-tu avec un budget digne d’un blockbuster ?
Clémentine : Un western…
Nous faisons appel à ton esprit créatif. A toi de nous proposer quelque chose et de commenter.
Clémentine : Une photo kitsch pour rire de mon chat Petite lampe de poche (qui est la mascotte ponctuelle de la chaîne) retravaillée numériquement un peu à la manière des icônes du couple Pierre et Gilles.
Tu le sais, notre thématique est la Pop Culture. Que signifie pour toi la culture populaire ?
Clémentine : J’aurai dit au premier abord : « une culture consommée, appréciée par tout le monde », mais ce serait confondre culture populaire et culture de masse. Du coup : la ou plutôt les cultures des classes populaires, et elles sont très nombreuses !
Quelles sont tes œuvres de référence dans la Pop Culture ?
Clémentine : Indiana Jones (le héros de mon enfance), Les Dents de la mer, les films de série B italienne, Seinfeld, Tintin, Faites entrer l’accusé, Psychose, Boule et Bill, Jean Ferrat, et un tas d’autres choses !
Et quelles sont tes attentes ?
Clémentine : J’avoue ne pas être très au courant de l’actualité…
Si tu devais t’identifier à un personnage de fiction, lequel serait-ce ? Et pourquoi ?
Clémentine : Là, à l’instant T, j’ai envie de dire : Arturo Bandini, l’alter-ego de l’écrivain John Fante (La Route de Los Angeles, Demande à la Poussière, Rêves de Bunker Hill, Bandini). John Fante est mon auteur préféré et Arturo Bandini est un anti-héros très attachant : fantasque, excessif, qui bouillonne, avec ses hauts, ses bas, drôle, plein de culpabilité catholique, de paradoxes, bref, dont la vie intérieure est riche. J’adore lire ses aventures !
Un mot sur ton actualité ? Tes projets en cours ?
Clémentine : Je vais bientôt sortir les vidéos que nous avons réalisées avec la vidéaste de Videodrome : cinq vidéos pour parler de cinq films sur le travail. Ensuite, sortira la vidéo dont j’ai parlé plus haut, consacrée aux héros bodybuildés du cinéma d’action des années 80. Après, je prévois à priori de faire une vidéo sur le portrait du pouvoir policier dans le film Enquête sur un Citoyen au-dessus de tout soupçon.
Les sujets des sept prochaines vidéos sont en fait déjà prévus mais je préfère garder le suspens pour le moment.
A quel autre créatif souhaiterais-tu voir poser ces questions ?
Clémentine : Welcome To Prime Time Bitch !
As-tu beaucoup de retours des personnes qui te suivent ?
Clémentine : Oui, j’en ai plutôt pas mal même si beaucoup ont l’air d’être en sous-marin !
Tes abonné(e)s te soufflent des idées parfois ?
Clémentine : Oui mais c’est assez rare, néanmoins un des sujets choisis pour la nouvelle saison m’a bien été soufflé par un abonné…
Que voudrais-tu dire à tous tes abonné(e)s et aux prochains ?
Clémentine : Merci à toutes celles et ceux qui suivent mon travail, me soutiennent et font des dons. J’espère que les prochaines vidéos vous plairont !
Encore une fois merci Clémentine d’avoir participé à Adopte un Créatif.
Clémentine : De rien !
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Propos recueillis par Thomas O. pour Eklecty-City.fr, qui remercie Clémentine de s’être prêtée au jeu d’une interview.