Le crowdfunding (ou « financement participatif » en bon français) a le vent en poupe : les projets fleurissent et les « financiers » en herbe aussi.
Cet engouement soulève de nombreuses questions, notamment en termes de désengagement financier d’organismes publics ou privés qui ont trouvé un bon moyen de faire peser le risque financier directement sur le consommateur (comme les producteurs de cinéma). Est-ce qu’aujourd’hui les aléas de la création et de l’innovation doivent être assumés – tout au moins partiellement – par le grand public ? Le crowdfunding est-il addictif ? A-t-il des limites ?
Quoiqu’il en soit, pour l’heure je souhaite vous parler d’un projet en particulier : « Insert Coin: Inside Midway’s ’90s Revolution« .
Pourquoi ce projet en particulier – d’autant qu’il a déjà été financé ? Pour deux raisons : parce que le sujet est incroyablement excitant et aussi parce qu’il a atteint son objectif à un rythme propre au financement participatif.
« Midway dans les années 90, c’était un asile de fous géré par les détenus »
Pour toute une génération de gosses un peu geeks ayant grandi dans les années 90, il y a un avant et un après Mortal Kombat. Avec ses contrôles aléatoires et son gameplay particulièrement rigide, le jeu a réussi à charmer d’innombrables joueurs grâce à sa folie (illustrée par une débauche de gore et de mauvais goût). C’est ainsi que beaucoup d’entre nous ont découvert le studio de développement « Midway », aussi responsable de pas mal de classiques des années 90 (NBA Jam, Wrestlemania).
C’est de cela dont veut nous parler Joshua Tsui, le porteur du projet : de ses années chez Midway, quand le studio était un joyeux bordel (à peine) organisé, situé dans une usine de flippers désaffectée. Que les développeurs se mettaient des avoinées dans la gueules pour étudier les mouvements (la « motion fracture » ?) et ensuite les intégrer au jeu. « Insert Coin… » se propose d’interviewer les développeurs de chaque jeux et de montrer au spectateur l’envers du décor, le processus de fabrication et comment leurs titres se lient les uns aux autres.
Ça, et aussi quelques anecdotes. « Au delà de la folie du développement de jeu, il y a des histoires comme celle de Steven Spielberg qui essaie de débaucher des équipes, Macaulay Culkin et son frère en roues libres dans le studio, et les catcheurs de la WWE qui persuadent les développeurs de faire des barathons.«
Il suffit de consulter la page du projet pour comprendre que Joshua Tsui à de l’or en barre entre les mains. Saura-t-il sculpter sa pépite pour en faire le bijou qu’y ont vu les « backers » (NdR : ceux qui ont participé au financement) ? C’est là toute la magie du crowdfunding : impossible à savoir. Aucun résultat n’est garanti, et tout n’est que question de confiance et de capacité à partager une vision. Joshua à su convaincre 1316 personnes de lui faire confiance – c’est un beau score, mais qui n’a pas été atteint aisément.
Effet boule de neige
La campagne de « Insert Coin » a souffert des mêmes lenteurs que la majorité des projets. Petit engouement au début, les dons se multiplient, puis ça ralentit jusqu’à se figer totalement. Le financement a effectivement longuement stagné alors que le projet n’en était qu’à à peine plus de la moitié de la somme demandée. Et soudain, à la force du bouche a oreille (particulièrement les réseaux sociaux), le projet se ranime brutalement à trois jours de sa clôture et dépasse largement son objectif (sans atteindre les records de Shenmue 3 et autres Exploding Kittens). Des sueurs froides pour le porteur du projet ; au final il réussit tout de même à rassembler suffisamment de fonds et – c’est peut-être là le plus important – de faire partager son excitation à ceux qui à présent soutiennent son projet.
Rendez-vous dans deux ans ou plus, pour voir si nous avons eu raison ou tort d’accompagner Joshua Tsui dans son projet.