Quatre ans après ‘Bad Boys 3’, Will Smith et Martin Lawrence reviennent pour un opus de trop avec ‘Bad Boys: Ride or Die’.
Ces dernières années, nous avons assisté à une résurgence spectaculaire des franchises policières et des films d’action emblématiques des années 80 et 90. Parmi les figures de proue de cette renaissance, Jerry Bruckheimer se distingue comme un producteur prolifique, ayant donné naissance à une multitude de blockbusters qui ont non seulement marqué ces décennies, mais aussi laissé une empreinte indélébile sur la pop culture. Des œuvres telles que ‘Top Gun : Maverick‘ et ‘Le Flic de Beverly Hills : Axel F.‘ illustrent avec des films qui mélange action, nostalgie et ‘modernité’.
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Bad Boys For Life : Un retour fatigué pour Will Smith et Martin Lawrence
En 2020, Will Smith et Martin Lawrence reprennent du service 17 ans après le second opus de Michael Bay avec ‘Bad Boys For Life‘. Réalisé par Adil El Arbi et Bilall Fallah, ce troisième volet, écrit comme un épisode d’une série Netflix, est sauvé par ses deux personnages principaux et quelques moments de grâce dans la réalisation.
Dans ce film, nous découvrons que Mike Lowrey (Will Smith) a un fils, Armando Aretas, issu d’une relation passée avec Isabel Aretas, une criminelle notoire. Nous assistons également à la mort tragique du Captain Howard (Joe Pantoliano), tué par Armando. L’absence de Michael Bay, véritable personnage à part entière des films, se faisait cruellement ressentir. En effet, les réalisateurs, et surtout le scénariste principal, Chris Bremner, semblent avoir oublié ce qui faisait le charme des deux premiers films.
Le premier opus, sorti en 1995, est le premier long-métrage de Michael Bay après une carrière prolifique dans la réalisation de clips musicaux. Ce film est une démonstration des talents du jeune réalisateur. Michael Bay est réputé pour innover sans cesse dans sa mise en scène et explorer de nouvelles idées, comme il l’a fait en 2003 avec ‘Bad Boys II‘, véritable démonstration technique et une véritable surenchère de n’importe quoi, mais totalement assumée et maîtrisée.
Réduire ‘Bad Boys‘ à ses deux acteurs principaux est une erreur monumentale. Si Will Smith et Martin Lawrence sont les vedettes, la force de ces films réside dans leur ensemble. ‘Bad Boys‘, ce n’est pas seulement Michael Bay, mais aussi les personnages secondaires qui permettent au duo principal d’exister. Citons les trois enfants de Marcus Burnett (Megan Burnett, Quincy Burnett et James Burnett), Theresa Burnett, le capitaine Howard ou encore Fletcher (John Salley).
Ainsi, ‘Bad Boys For Life‘ montrait déjà les limites d’écriture en retirant sans explications les deux fils de Marcus de l’intrigue et en réduisant Marcus Burnett (Martin Lawrence) à un rôle de clown. En effet, le personnage de Marcus est réduit à l’un des passages les plus drôles du second opus, quand Marcus prend par inadvertance des ecstasies. Désormais, la personnalité de Marcus est réduite à cela dans le troisième film, alors que la force de son personnage réside dans le fait qu’il est beaucoup plus mature que celui de Mike Lowrey (Will Smith), notamment en étant un père de famille de trois enfants. Ces choix scénaristiques auront des conséquences catastrophiques sur le quatrième film.
De quoi parle Bad Boys 4 ?
Dans ‘Bad Boys: Ride or Die‘, l’inspecteur Mike Lowrey (Will Smith) épouse sa physiothérapeute Christine. Lors de la réception, son partenaire Marcus Burnett (Martin Lawrence) subit une légère crise cardiaque. Pendant son coma, il a une vision de leur ancien capitaine Conrad Howard (Joe Pantoliano), tué par Armando Aretas (Jacob Scipio), le fils caché de Mike. À son réveil, Marcus se sent invincible et prévient Mike qu’une tempête approche.
En effet, un homme force un banquier d’un cartel à verser une somme importante sur le compte du capitaine Howard, impliquant ce dernier dans une affaire de corruption. Déterminés à prouver son innocence, Mike et Marcus enquêtent malgré les doutes de leur capitaine Rita Secada (Paola Núñez). Ils découvrent que le véritable cerveau derrière la conspiration est un haut fonctionnaire de Miami, le procureur Lockwood (Ioan Gruffudd). Avec l’aide d’Armando, Rita, Dorn (Alexander Ludwig) et Kelly (Vanessa Hudgens), ils parviennent à rassembler des preuves et à faire arrêter McGrath.
Après une série de fusillades et de poursuites, l’innocence du capitaine Howard est prouvée…
Un remake déguisé
À travers son intrigue, ‘Bad Boys: Ride or Die‘ se présente comme un remake déguisé du précédent opus. Le mariage de Mike Lowrey avec un personnage sorti de nulle part remplace celui de Megan Burnett dans le troisième opus. Là où Mike frôlait la mort dans le précédent film, c’est désormais Marcus Burnett qui est victime d’une crise cardiaque après la cérémonie. Les bases du film restent les mêmes.
‘Bad Boys‘ a toujours été plus que le duo principal, et le scénariste Chris Bremner semble avoir réalisé son erreur en intégrant le capitaine Howard (Joe Pantoliano) dans l’histoire avec une ficelle scénaristique. Howard revient avec une série de vidéos préenregistrées avant sa mort. Une fois de plus, le rôle de Marcus est réduit à celui d’un clown lourd.
Quant à la mise en scène, si Adil El Arbi et Bilall Fallah parvenaient à insuffler leur style dans le troisième opus tout en rendant hommage à Michael Bay, la réalisation de ce quatrième film n’a rien à envier à un film algorithmique de Netflix. Il y a quelques idées intéressantes, comme un insert dans une montre ou une vue en FPS (pas si efficace et trop courte), mais le reste se résume à imiter les dernières trouvailles de Michael Bay dans son film ‘Ambulance‘.
L’épisode de trop pour les Bad Boys ?
Comme évoqué précédemment, ‘Bad Boys‘ a toujours résonné comme une démo technique de Michael Bay. Après un troisième film en demi-teinte, ‘Bad Boys 4: Ride or Die‘ est ridicule tant dans sa mise en scène que dans son écriture, et illustre à lui seul l’état actuel des blockbusters.
À défaut d’être une démo technique de Michael Bay, ‘Bad Boys 4‘ est une démonstration de la vision des studios du cinéma : des produits consommables avant de passer au suivant. Vingt ans séparent ‘Bad Boys : Ride or Die‘ du second opus, et regarder ces deux films l’un après l’autre permet de comprendre comment l’industrie cinématographique a évolué. C’est presque mieux qu’un long discours pour saisir cette transformation.