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Interview Croisée avec Adrien Antoine et Christophe Lemoine, les voix de Batman et d’Eric Cartman

Lors du Play Azur Festival 2022, qui a pour objectif de diffuser la culture à Nice, la rédaction a pu s’entretenir avec deux acteurs français particulièrement actif dans le doublage, Adrien Antoine et Christophe Lemoine, que vous connaissez pour être les voix françaises de Thor, Superman, Batman ou encore d’Eric Cartman de la série « South Park ».

Adrien est connu pour être la voix du personnage de Batman dans la plupart des œuvres d’animation DC Comics, ainsi que dans les jeux-vidéo. Il est notamment la voix française régulière des acteurs Chris Hemsworth, Sam Worthington ou encore Henry Cavill.

Quant à Christophe Lemoine, il est connu pour être la voix légendaire d’Eric Cartman dans le dessin animé « South Park ». Il est notamment la voix française régulière des acteurs Josh Gad, Sean Astin ou encore l’une des voix de Jack Black.

Les deux acteurs à la voxographie impressionnante sont amis depuis 1992. Ils forment ensemble un duo musical, Christophe et Adrien et se sont produit dans un bar parisien de Montmartre, À la Pomponnette. Cette interview croisée est l’occasion pour eux de revenir sur leur carrière, d’évoquer les meilleurs souvenirs de doublage, mais aussi leur passion commune pour la musique.

Rencontre avec deux voix légendaires.

Bonjour Adrien, Christophe tout d’abord merci à vous deux de m’accorder cette interview. Avant de débuter, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Christophe Lemoine : Je suis Christophe Lemoine. Je suis né le 11 décembre 1978 à Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne. Et je suis comédien.

Adrien Antoine : Et moi je suis Adrien Antoine. Je suis né le 29 avril 1980, à Champigny-sur-Marne. Un petit gars de la Marne. Et je suis comédien.

Quel est votre meilleur souvenir de doublage ? Et pourquoi ?

Christophe Lemoine : C’est toujours très délicat de donner un souvenir particulier de doublage. Cela fait plus de 30 ans que nous doublons Adrien et moi-même, donc nous en avons fait énormément.

Un beau souvenir de doublage c’est plusieurs choses. C’est soit que le rôle a été formidable, et nous avons eu la chance d’être très gâtés là-dessus. Soit que l’ambiance sur le plateau ait été exceptionnelle et nous en gardons un très bon souvenir, même si le film en lui-même n’était pas extraordinaire. Ou alors, le troisième point, c’est que nous avons un personnage exceptionnel sur un film qui n’était pas terrible, mais nous on s’est éclaté à le faire. Alors c’est difficile.

Pour ma part, je suis très gâté avec le personnage de Cartman dans « South Park », qui est quand même très agréable à doubler. J’ai beaucoup apprécié à doubler dans « Le Loup de Wall Street » mon personnage de Jonah Hill, le meilleur ami de DiCaprio, dans la vie d’ailleurs je crois, et dans le film également. Un autre personnage que j’adore doubler depuis bon nombre années, c’est bon petit Nicholas Newman, qui maintenant est devenu grand, dans « Les Feux de l’amour ». Cela fait 25 ans que je le double, comme Cartman d’ailleurs, et c’est une ambiance très familiale sur le plateau de l’enregistrement des « Feux de l’amour ». J’avoue que j’aime beaucoup.

Il y a énormément de très bons souvenirs. On est très gâté, on fait un métier d’enfer.

Adrien Antoine : Christophe a raison. Il y a beaucoup de souvenirs. Cela fait 30 ans. 30 ans c’est long, c’est toute une vie dans ce métier, cette famille. Il y aussi des souvenirs qui sont personnels, en lien avec des gens que l’on a rencontrés, que l’on a connu, qui parfois ont disparu. C’est aussi des souvenirs de vie.

Au-delà des souvenirs de doublage, je pourrais en citer des dizaines des bons souvenirs. Je vais en citer un, en tout cas un souvenir important. Je ne sais pas si c’est un « bon », parce qu’en même temps je n’ai pas pris que du plaisir (rires), mais c’est là où j’ai vraiment noué une amitié avec Christophe, puisqu’il est là aujourd’hui. C’était une série animée qui s’appelait « Le Bus Magique ».

Christophe Lemoine : Ah oui ! (Rires)

Adrien Antoine : C’était une très veille série des 90’s. Il y a maintenant une nouvelle.

Christophe Lemoine : Ah bon ? C’est beaucoup moins bien ! (Rires)

Adrien Antoine : Christophe m’a beaucoup fait rire durant le doublage. Nous étions enfants, nous avions 14 ans.

Christophe Lemoine : Il faisait Tim et moi je faisais Arnold, le petit avec les lunettes.

Adrien Antoine : Récemment, je prends beaucoup de plaisir à doubler l’acteur qui fait « Thor », Chris Hemsworth, que j’apprécie de faire. Henry Cavill également. C’est comme Christophe, je pourrais en citer beaucoup.

Pour ce qui est du doublage pur, c’est souvent lié au fait qu’il y a des acteurs que l’on aime particulièrement doubler sur lesquels on se sent à l’aise, on a l’impression que l’on est dans « l’image » que notre voix correspond.

Il y aussi des mauvais souvenirs…

Quels sont ces mauvais souvenirs ?

Adrien Antoine : Pour ma part, en matière de doublage pur, c’est quand je double un acteur que je n’apprécie pas doubler, car je trouve que je le déforme complètement et que ça ne lui correspond pas. C’est donc une souffrance durant tout le film où on est frustré. On a l’impression que ce que l’on propose est très mauvais, parce que ce n’est pas dans « l’image » comme on dit chez nous, que l’on n’est pas dans l’énergie, que la voix ne lui convient pas tout simplement.

Parfois, sur une série entière c’est compliqué.

Christophe Lemoine : C’est ça ou alors des conditions de travail qui ne sont pas bien…

Adrien Antoine : Et d’équipe aussi…

Christophe Lemoine : D’équipe pas bien réunie. C’est vrai que quand on est mal distribué, ce n’est pas plaisant, car on sait que le résultat ne va pas être bon. On lutte pour faire quelque chose, ce n’est jamais catastrophique, mais ce n’est pas plaisant. On n’a jamais eu des doublages comme « Apocalypse Now » ou comme Klaus Kinski avec « Fitzcarraldo » où tout le monde s’étripe sur le plateau. Ça n’existe pas (rires).

En revanche, parfois on enregistre avec des comédiens de doublage que l’on n’aime pas du tout. Il y a toujours dans ce métier, deux trois raclures, que tout le monde connait, c’est toujours les mêmes, que personne n’aime, mais qui subsiste encore, qui continue d’être là. A eux, on leur fait vivre l’enfer, parce que c’est vraiment des raclures et qu’ils méritent que ça (rires).

Est-ce que l’on vous a déjà demandé une prestation de voix vraiment malaisante ou extrêmement gênante ?

Christophe Lemoine : Un jour je faisais un truc pour une émission, un personnage qui s’appelait Doug. C’était un dessin animé, un super souvenir de doublage.

Adrien Antoine : Super souvenir, c’était juste après « Le Bus Magique ».

Christophe Lemoine : La voix du personnage de Doug avait été demandée pour une émission de télévision qui s’appelait « Doug dédicace ». Il y avait des dessins animés qui étaient demandés par des enfants. A chaque fois Doug disait par exemple « Matthieu qui habite à Sucy-en-Brie veut regarder tel truc, on va le regarder et message à sa maman… » il faisait une petite dédicace.

Un jour, une infirmière de l’hôpital Necker a fait une dédicace pour tous les enfants du service. Le directeur du programme a dit « ce message on ne le passe pas parce que sur notre chaine on ne va pas parler de la maladie. » J’ai dit « M’enfin c’est complètement débile, c’est important pour les enfants qui sont à l’hôpital d’avoir ce message, ça va leur mettre un coup de moral extraordinaire. » Il a répondu : « Non, ce n’est pas bien ». J’ai alors répondu que j’arrêtais l’émission. « Christophe tu ne peux pas faire ça, la grille des programmes est faite » j’ai dit « alors on le passe ». Ils l’ont passé.

C’est ça parfois les trucs malaisant où on est en opposition avec les gens. On a la chance, c’est une force dans notre métier, c’est de pouvoir dire non, on ne le fait pas et tu prends quelqu’un d’autre pour le faire. C’est quand même assez rare que l’on nous demande des choses spéciales, enfin je ne sais pas pour toi Adrien (rires).

Adrien Antoine : Ce qui peut être gênant… c’est les scènes de sexe à la barre de doublage. Avant le COVID, il y avait 10 personnes derrière et tu es là tout seul à la faire en « track » comme on dit, et si le personnage est très expressif…

Christophe Lemoine : Tu baises en solo (rires).

Adrien Antoine : On est blindé, tu fais ton truc et c’est tout. Ça reste de la voix. A part ça, je n’ai pas de mauvais souvenirs.

Christophe Lemoine : On est tellement blindé sur ce type d’exercice… même quand tu es sur le plateau et que l’autre est en train d’enregistrer son truc…

Adrien Antoine : Que tu penses à autre chose…

Christophe Lemoine : T’es là tu penses à ton problème de date et l’autre est en train de « baiser » de l’autre côté à deux mètres de toi et toi tu penses complètement à autre chose. Et la personne qui dirige le comédien dit « super très bien. Là tu as vu, quand il se retourne, c’est un peu plus… ». C’est rarement aussi technique. C’est notre quotidien (rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Christophe Lemoine : L’acteur des films X c’est pareil : « Tu as vu là je pense que tu peux la prendre différemment… oui tu as raison, là j’ai loupé mon cadre, oh merde tu fais chier. » (Rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Christophe, es-tu choqué par le ton de « South Park » après toutes ces années ?

Christophe Lemoine : Pas du tout. Je trouve même un peu gonflé, que certaines personnes s’offusquent de la pseudo violence ou la pseudo agressivité qui existe dans la série. Alors que notre monde, lui-même, est encore bien pire. Nous voyons davantage d’horreur dans la vraie vie que dans la série « South Park ».

Ceux qui s’offusquent de ça oublient que « South Park » est une série de fiction où rien n’est vrai. Tout est prétexte à s’amuser, même si cela décrit une société qui elle est très violente, raciste et tout ça. Ce n’est que de la fiction, de l’amusement. Ce n’est pas politique du tout « South Park ». Après évidemment, ils montrent des choses…

Je ne suis pas choqué et encore très fière de doubler le personnage de Cartman et ainsi d’insulter la France entière depuis plus de 25 ans et que l’on continue à me dire « merci, bravo ». Dans ma vie, je n’aurais peut-être pas marqué comme Léonard de Vinci mon passage sur Terre, mais en tout cas, je pense que peu de gens ont autant insulté que moi en recevant un maximum de remerciement. (Rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Adrien, tu as eu la chance de doubler Batman et Superman. Enfant, appréciais-tu ces deux personnages et quel a été ton ressenti quand tu as commencé à les doubler ?

Christophe Lemoine : Batman, Superman, Thor etc. Les beaux gosses (rires).

Adrien Antoine : Quand j’étais petit, je n’étais pas très comics. Cependant, en 1989 quand le film Batman est sorti avec Michael Keaton, ça a fait grand bruit. J’ai adoré ce film, je dessinais le symbole de Batman sur mes cahiers etc. Ça m’avait fasciné et c’était l’époque Michael Jackson « Bad » etc.

Superman, pas plus que ça, mais rien contre non plus. Et après le fait de les faire, j’étais heureux. Quand j’ai été sélectionné pour Batman j’avais 24 ans. J’étais vachement content : « Super je suis pris sur Batman ». Ça fait plaisir. Et Superman pareil. Ce sont des personnages marquants. C’est hyper plaisant.

Avez-vous déjà rencontré les réalisateurs des œuvres sur lesquelles vous avez travaillé ?

Christophe Lemoine : Pas directement, mais indirectement. Pour « Le Seigneur des Anneaux » c’est Peter Jackson qui a choisi les voix. Indirectement, il m’a écouté et validé. Pour « Le Loup de Wall Street » c’est Martin Scorsese qui a également sélectionné les voix.

Parfois, quand on fait de la post-synchronisation, c’est-à-dire quand on double des films français. Quand la prise de son est mauvaise, il faut redoubler, même si c’est un film français. Ou quand il y a eu des co-productions, c’est-à-dire franco-italienne etc. il faut doubler le comédien Italien. On rencontre les réalisateurs français, qui viennent diriger leur film, avec toujours l’aide de quelqu’un qui connait bien le doublage pour la synchronisation etc.

Sinon, on les rencontre très rarement.

Adrien Antoine : Pour ma part jamais.

Christophe Lemoine : Si tu as rencontré Jean-Jacques Annaud et Gérard Pirès qui dirigeaient directement les films.

Adrien Antoine : Ah oui (rires) ! Il connait mieux que moi. C’est vrai ! J’ai rencontré Jean-Jacques Annaud et Gérard Pirès. Et sur Avatar, c’est James Cameron qui a sélectionné les voix.

Christophe Lemoine : Ben voilà ! (rires).

Adrien Antoine : Je crois que Peter Jackson fait ça sur tous ses films.

Christophe Lemoine : Oui.

Adrien Antoine : Il m’a choisi pour Adrien Brody sur « King Kong« .

Christophe Lemoine : Quand j’étais petit, j’ai travaillé avec Gérard Oury, Claude Pinoteau etc. tous ces réalisateurs de cette époque là. C’était dans le cadre de la post-synchronisation, pour redoubler des films français suite à des problèmes de sons. Par exemple, s’ils jouent une scène très intimiste au bord d’une autoroute, il faut le doubler après, car avec le bruit des voitures ce n’est pas possible.

Tu savais que Trey Parker et Matt Stone ont écrit une comédie musicale ?

Christophe Lemoine : Je sais qu’ils ont écrit une comédie musicale et qu’elle est très drôle d’ailleurs. Je crois qu’elle se joue à Londres et à Broadway, pas encore en France.

En revanche, ils ont fait un film qui s’appelle « Team America », il est vraiment drôle ce film. Tous les acteurs bobos d’Hollywood s’offusquent du sort de la planète, il y a George Clooney, Matt Damon, tous ces mecs là. Il y a Kim Jong-il, à l’époque ce n’était pas Kim Jong-un, mais Kim Jong-il, qui a décidé de tous les buter parce qu’il commençait en avoir ras-le-bol de leur bien-pensance. Ils ont demandé que les voix françaises de « South Park » doublent dans leur film « Team America ».

Thierry Wermuth, qui était en charge de la direction artistique de ce film, m’a fait doubler Kim Jong-il. Je suis le seul en France à avoir doublé Kim Jong-il et à butter Matt Damon, il les butte tous, les uns après les autres. Il n’arrête pas de leur dire (avec la voix de Cartman) « Alors espèce de comédien de merde, t’ouvres moins ta gueule quand tu as une bassine d’huile qui va te tomber sur la gueule » c’était très très drôle.

Ils font beaucoup de choses, ils sont très prolifiques.

Avez-vous déjà songé à écrire une comédie musicale ?

Adrien Antoine : Une comédie musicale, en tant que tel non, mais en quelque sorte on en a écrit une. On a fait un spectacle qui s’appelait « Swift » que l’on a joué pendant 7, 8 ans. Ce n’était pas une histoire avec un développement, une trame, un début, un milieu, une fin, le but c’était que ce soit un petit peu n’importe quoi.

Deux personnages qui faisaient un tour de chant à qui il arrivait de multiples aventures de l’instant. C’était un peu notre comédie musicale.

Christophe Lemoine : Les journalistes appelaient ça « un tour de chant scénarisé ».

Adrien Antoine : Oui, voilà, « un tour de chant scénarisé ».

Christophe Lemoine : J’ai en projet, d’ailleurs je le redis à Adrien, je lui avais déjà dit il y a quelques années, je profite de l’interview pour le lui redire, on a beaucoup de chansons dont on ne s’est jamais servi. Qui sont en suspend. Je suis en train de toutes les répertoriées, ça prend un petit peu de temps, et après d’en faire une comédie musicale. Et trouver l’histoire qui va avec les chansons et non pas écrire les chansons qui vont avec l’histoire.

C’est ça avec nous, on ne fait jamais rien comme les autres. (Rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Christophe Lemoine : On n’a pas une vie comme les autres (rires). C’est vrai, on n’a pas une vie comme les autres (rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Christophe Lemoine : On l‘a accepté (rires).

Adrien Antoine : Oui bien sur (rires).

Christophe Lemoine : On va jouer ça en Afghanistan, car il y a des théâtres qui se libèrent en ce moment (rires).

Adrien Antoine : (Rires).

Adrien, tu es Team Batman ou Team Superman ? Tu as le droit à un Joker.

Christophe Lemoine : Oh ! Astucieux ! (Rires)

Adrien Antoine : Batman ! Team Batman ! Je ne déteste pas Superman, mais on va rester Team Batman !

Christophe, dans une interview, tu as dit que jouer le personnage de Jared Leto dans « Requiem for a Dream » t’avait marqué. Pourquoi ?

Christophe Lemoine : C’est l’ambiance. Je n’ai jamais vu un film aussi glauque. C’était le premier film adulte de Jared Leto, je ne l’ai plus jamais redoublé après. Le film est extrêmement glauque, mais extrêmement glauque. Cette musique qui est toujours là derrière qui monte, qui monte, qui monte ; la mère qui prend les cachetons pour faire son régime ; l’autre qui se défonce à l’héroïne dans la chambre d’à côté ; elle qui regarde son jeu télévisé etc. Enfin c’est sordide.

C’est Fabienne Aurin qui avait dirigé ça. Surtout ce qui m’avait marqué, c’est que le soir on finit le plateau vers 18h30, 19h, tout le monde se dit au revoir et à demain 9h30. Le dernier soir, on termine le plateau et Fabienne dit : « Bon, on va quand même aller tous se boire un petit coup ensemble pour fêter la fin du film » et tout le monde dit : « Oui, oui si tu veux » et elle fait « Non, vous n’êtes pas très chaud ? Mais moi non plus je ne le suis pas » et il y en a un qui dit « En fait, moi je suis sorti tous les soirs, j’ai picolé tous les soirs, car le film était tellement dur que j’avais besoin d’oublier » et là l’ingénieur du son fait « moi pareil » et moi je dis « ben pareil, je suis sorti tous les soirs » et Fabienne répond « Eh bien moi aussi. Je suis crevé, bon ben on rentre. »

Le film était tellement dur, il est horrible. Ce n’était pas une mauvaise expérience, car il était intéressant à faire. Cependant, je ne le reverrai jamais, trop glauque. Un peu comme « Irréversible » tu vois ?

Adrien Antoine : Ah oui, « Irréversible »…

Christophe Lemoine : Ces films là, c’est sordide. Plus le film avance, plus tu sais que ça ne va pas s’arranger. Plus tu sens que ça va être encore de plus en plus glauque. Et tu te dis « On en est qu’à 22 minutes de film, t’inquiète pas il va encore trouver des idées pour une heure et quart. » (Rires).

Dernièrement, tu as été directeur artistique du film « La Bulle » de Netflix. Qu’est ce que tu aimes dans le métier de directeur artistique ?

Christophe Lemoine : Je dirige de temps en temps. Le problème de la direction, c’est que cela demande énormément de disponibilité… que je n’ai pas personnellement. Je dirige un petit peu, mais les prochaines fois seront plus espacées, car je n’ai pas le temps, physiquement, de le faire. C’est agréable de diriger quand tu as la liberté de choisir les comédiens.

Si tu as la chance de regarder « La Bulle » je pense que le résultat et satisfaisant. J’ai pu choisir qui je voulais. A un moment donné, il y a un eu un mec qui a été imposé, comme je ne l’aimais pas du tout ce mec là, j’ai appelé Netflix et j’ai dit « ce n’est pas grave je ne dirige pas le film » parce que travailler avec ce comédien là ne m’intéresse pas. « Ah bon Christophe, mais pourquoi ? » je leur explique pourquoi « Ah bon, mais on ne savait pas » et bien si. J’ai dit ce n’est pas grave, filez-le à quelqu’un d’autre le film « Non, non, c’est l’autre qui va dégager » ben très bien. Comme quoi, quand on veut, on peut.

Après c’est une question de disponibilité. J’aime bien diriger, mais je ne le ferai pas tous les jours, car mon métier c’est d’être comédien et de doubler. Nous avons été avec Adrien, comme beaucoup d’autres de notre génération Alexis Tomassian, Donald Reignoux, Dorothée Pousséo, Emmanuel Garijo, nous avons été créés pour doubler. Il faut que l’on double, des machines à doubler (rires).

En plus d’être comédien, vous êtes chanteur. Qu’est-ce que la musique vous a apporté dans votre vie ?

Christophe Lemoine : Des dettes (rires).

Adrien Antoine : (Rires). La musique a été présente très tôt dans nos vies. Même avant la comédie.

Christophe Lemoine : Oui.

Adrien Antoine : On était des enfants apprentis musiciens. Personnellement, ça m’a toujours apporté beaucoup de liberté. Ça a toujours été mon endroit à moi. J’ai toujours l’impression d’être plus musicien qu’autre chose. J’ai même l’impression, en tant que comédien, quand je fais de la voix, qu’il y a une grande part du musicien en moi qui le fait.

J’en ai toujours fait, c’est une grande passion. La musique c’est une grande affaire dans ma vie.

Christophe Lemoine : C’est exactement pareil. Je ne conçois pas faire de la musique sans Adrien. Avec d’autres d’accord, mais j’aime bien qu’il y ait toujours Adrien dans l’affaire.

Adrien Antoine : C’est vrai.

Christophe Lemoine : J’aime bien. On est tout « cocoon », on est entre nous, on a l’habitude de travailler. Ce que je regrette, je vais essayer de mieux m’organiser, c’est d’avoir plus le temps pour faire plus de musique.

Ma copine qui est chanteuse – et comédienne aussi puisqu’elle double la Schtroumpfette et fait un peu de doublage – elle chante remarquablement.

Adrien Antoine : Ah oui ! Superbe chanteuse.

Christophe Lemoine : J’aimerais avoir le temps de lui écrire des chansons. De refaire des chansons avec Adrien. Il faut mieux s’organiser, parce que le doublage c’est très chronophage. Je n’aime pas trop ce mot là, mais c’est un peu la vérité.

Adrien Antoine : Ça prend beaucoup de temps.

Christophe Lemoine : Ça prend beaucoup de temps et si tu ne t’organises pas bien, tu es vite débordé. Quand tu as doublé pendant dix, douze heures, tu peux aller manger au restaurant, mais écrire des chansons derrière c’est compliqué. Faut que je m’organise, mais je n’arrêterai jamais la musique. D’ailleurs, je me suis bien remis au saxophone, j’en ai fait beaucoup, je suis super content.

Avez-vous un morceau que vous avez fait ensemble que vous « chouchoutez » ?

Adrien Antoine : Je crois qu’on les aime toutes. Il y en a qu’on aime moins, mais il y a une histoire avec chaque chanson. On peut quand même avoir des chansons que l’on préfère à d’autres. Notre répertoire n’est pas connu mondialement (rires) je vais dire des titres qui ne te diront pas grand-chose (rires).

Christophe Lemoine : Déjà au niveau cantonal, tout le monde ne connait pas (rires).

Adrien Antoine : Il y a une chanson que j’aime beaucoup « Les petits soucis ».

Christophe Lemoine : Oui.

Adrien Antoine : Et une autre qui s’appelle « Supposons ». Je trouve que l’on est très souvent inspiré par des gens que l’on aime beaucoup parmi nos proches. Il y a une chanson d’anniversaire, on a toujours fait des chansons d’anniversaire (rires).

Christophe Lemoine : On va faire un double album « Chansons Anniversaire » (rires).

Adrien Antoine : Des chansons très élaborées avec une orchestration et des structures très complexes (rires).

Christophe Lemoine : (Rires).

Adrien Antoine : On en a fait une pour notre ami Vincent Ropion que j’aime beaucoup. Et une autre récemment pour notre ami Philippe Blanc, dont on est très fière.

Christophe Lemoine : Il y en a une que j’aime bien, mais ça parlera à personne, car personne ne l’a jamais entendu cette chanson (rires). C’est « La vie vient des Océans ».

Adrien Antoine : Ah oui ! Celle-là, bien-sur.

Christophe Lemoine : Celle-là, je l’adore. J’adore la musique d’Adrien surtout.

Adrien Antoine : Le texte est sympa aussi.

Christophe Lemoine : Le texte est extrêmement déchirant, extrêmement poignant (rires).

Quel est l’artiste ou le groupe qui vous a le plus inspiré ?

Christophe Lemoine : Je suis très à l’ancienne. J’aime beaucoup Michel Polnareff. Avec Adrien, nous partageons la passion de ce monsieur. J’aime beaucoup le Jazz dont un jazzman en particulier, Charlie Parker. Aussi les « Hot Five » d’Armstrong, 1926, 1928, que je vous recommande d’écouter. C’est incroyable, d’une modernité sans nom.

J’adore toute cette chanson française, Gérard Lenorman, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell etc. Cette culture populaire française, Michel Delpech, Joe Dassin etc. J’adore. J’aime énormément le Canadien Robert Charlebois.

Évidemment, j’aime la Pop, le rock des 60’s, 70’s. Actuellement, il y en a que j’aime bien, mais pas suffisamment pour me souvenir de leur nom.

Adrien Antoine : Pour ma part, c’est pareil. Ma base d’influence n’est pas récente. Je suis un grand admirateur des « Beatles ». Un groupe qui m’a particulièrement marqué, que j’écoute encore, un peu comme Christophe qui écoute encore Charlie Parker. On est un peu obsessionnel (rires).

Christophe Lemoine : Légèrement excessif (rires).

Adrien Antoine : En tant que guitariste rock, j’ai beaucoup aimé le rock des 70’s, Jimi Hendrix, Led Zeppelin etc. J’aime aussi la variété française. Il y a aussi Brel, Aznavour, Nougaro, Gainsbourg. J’ai aussi des choses un peu plus actuelles, mais je ne retiens pas les noms.

Je ne suis pas insensible à la musique électronique, mais ça dépend comment c’est utilisé. Si c’est au service de la chanson, j’adore. Si c’est purement du son, ça m’attire moins. C’est tellement vaste… j’adore le jazz aussi, j’ai été élevé au jazz.

Christophe Lemoine : On adore les « Big band ».

Adrien Antoine : Frank Sinatra.

Un mot sur votre actualité ?

Adrien Antoine : J’ai un projet avec Christophe et Xavier qui est actuellement en gestation prévu pour décembre.

Christophe Lemoine : Le festival d’Avignon où je serais du 18 au 30 juillet 2022 au Théâtre La Luna. En salle « 2 » pour la pièce « La Cagnotte » d’Eugène Labiche, que nous avons déjà jouée deux ans à Paris et que nous tournons dans toute la France. Venez nombreux voir le spectacle !

Avant de conclure, quelle question auriez-vous aimé que je vous poser et qu’auriez-vous répondu ?

Adrien Antoine : « Qu’est-ce que tu bois ? » (Rires). Un Spritz allez !

Christophe Lemoine : Moi je suis à l’eau, donc je bois du Spirtz à l’eau. (Rires).

Une nouvelle fois, merci Adrien et Christophe de nous avoir accordé cette interview.

Adrien Antoine : Merci à toi.

Christophe Lemoine : Merci !

Interview préparée et propos recueillis par Anastasia V., retranscription par Thomas O., pour Eklecty-City.fr, qui remercient Adrien Antoine et Christophe Lemoine de s’être prêtés au jeu d’une interview.

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La Rédaction
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Passionnée, indépendante pour une actualité différente.

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